RUGBYComment Thomas Ramos, « Mr 100 % », s'est transformé en héros du Crunch

France-Angleterre : « C’est presque Monsieur 100 % »… Comment Thomas Ramos s’est transformé en héros du Crunch

RUGBYRepositionné ouvreur depuis le succès à Cardiff, le Toulousain s’est montré efficace, samedi à Lyon-Décines, pour l’ultime match du Tournoi des VI Nations contre l’Angleterre (33-31), avant de signer le coup de grâce d’une pénalité de 50 mètres
Tournoi des VI Nations: Le débrief de France-Angleterre (33-31)
Jérémy Laugier

Jérémy Laugier

L'essentiel

  • Le XV de France a su arracher la deuxième place du Tournoi des VI Nations 2024, en battant samedi à Lyon-Décines son rival anglais (33-31).
  • Ce 111e Crunch aussi passionnant que renversant a été marqué par un suspense insoutenable dans les derniers instants de la rencontre, lorsque les Bleus ont hérité de la pénalité de la gagne au niveau de la ligne médiane.
  • C’est le Toulousain Thomas Ramos, repositionné ouvreur depuis le succès à Cardiff, qui s’est chargé de ce coup de pied changeant clairement le bilan tricolore sur ce Tournoi.

Au Parc OL de Lyon-Décines,

Est-il sérieusement possible de remporter un Crunch (33-31) lorsque vous êtes transpercés de toutes parts durant sept minutes de jeu, balayés par un 21-0 anglais (trois essais transformés) ? Avec Thomas Ramos dans vos rangs, why not. Le buteur tricolore a d’abord été un métronome hors pair (6/6 en pénalités/transformations) pour maintenir son équipe en vie (30-24, 61e)... avant de signer son seul échec de la soirée, aux allures de balle de match des 30 mètres, au pire moment (72e). Un essai transformé de Tommy Freeman plus tard (30-31, 76e), et on se disait que le polyvalent Toulousain, repositionné ouvreur depuis le large succès (24-45) à Cardiff, allait à nouveau être le joueur maudit d’un choc.

Car oui, est-il vraiment nécessaire de vous remémorer cet hallucinant contre validé de Cheslin Kolbe, sur l’une de ses transformations, lors du funeste quart de finale de la Coupe du monde 2023 contre l’Afrique du Sud (28-29) ? Mais cinq mois plus tard, Thomas Ramos a cette fois troqué ce rôle contre une cape de superhéros qui lui va à merveille, samedi au Parc OL de Lyon-Décines. Un coup de sifflet heureux d’Angus Gardner, pour un plaquage sans les bras de Sam Underhill sur Romain Taofifenua (77e), lui a offert son climax sous le maillot bleu, pour sa 36e sélection.

Thomas Ramos a inscrit l'une des pénalités les plus importantes de sa carrière, à 50 mètres des poteaux anglais, samedi lors d'un mémorable Crunch à Lyon-Décines.
Thomas Ramos a inscrit l'une des pénalités les plus importantes de sa carrière, à 50 mètres des poteaux anglais, samedi lors d'un mémorable Crunch à Lyon-Décines.  - Jeff PACHOUD / AFP

« C’était juste un coup de pied de plus pour lui »

Un troisième succès de rang contre le XV de la Rose, un bond de la quatrième à la deuxième place du Tournoi des VI Nations, tout cela dépendait alors uniquement du coup de patte de cinquante mètres du joueur de 28 ans. Premier élément à prendre en compte : « "Max" Lucu était chaud aussi pour la taper, tous les deux étaient bouillants en fait », comme le raconte Fabien Galthié.

Thomas Ramos ne lâche pas sa mission, il veut en finir lui aussi avec les fantômes sud-africains. Malgré la tension extrême et la difficulté d’une pénalité depuis le milieu de terrain (il en avait inscrit une précédente quasi semblable en première période), son coéquipier au Stade Toulousain Alexandre Roumat est limite serein.

« J’ai une grande confiance en lui. Normalement, au vu du score serré, on se place tous sur la ligne pour monter parce qu’on ne sait pas ce qui peut arriver. Mais comme j’étais quasiment sûr qu’il allait la mettre, je me suis plutôt mis en retrait, un peu à l’écart. » »

Un optimisme partagé par Nolann Le Garrec : « Je n’avais pas trop de doute. La régularité de Thomas à ce niveau-là n’est plus à démontrer. C’est presque Monsieur 100 % à chaque fois. Je peux vous dire qu’à l’entraînement non plus, il n’en rate pas beaucoup. C’était juste un coup de pied de plus pour lui. » Et juste depuis la ligne médiane donc.

Thomas Ramos, félicité par tous ses partenaires après son coup d'éclat synonyme de Crunch remporté samedi.
Thomas Ramos, félicité par tous ses partenaires après son coup d'éclat synonyme de Crunch remporté samedi. - ASHLEY WESTERN/Colorsport/Shutte

« On n’est pas tombé dans l’euphorie »

Thomas Ramos s’élance alors pour balancer une ahurissante frappe qui se loge entre les poteaux, le tout dans un stade en fusion, alors qu’il reste 56 secondes à tenir. « C’est incroyable de faire ça à 50 mètres, glisse, admiratif, Léo Barré. Il faut savoir la mettre quand il reste deux minutes comme ça… Ça montre à la fois le talent et l’expérience du joueur, et ça ne m’étonne pas de lui. »

Vous l’avez compris, les louanges pleuvent autour du meilleur réalisateur du VI Nations (63 points) lors des deux précédentes éditions. Encore faut-il quelques gaillards expérimentés/attentifs/relous pour ne pas manger une climatisation british absolue sur le gong. Le troisième ligne François Cros (29 ans) assume en partie ce rôle : « On est heureux sur le coup, mais on pense surtout au coup d’envoi d’après, parce qu’il reste une munition. On n’est pas tombé dans l’euphorie, on a préparé l’équipe sur le renvoi anglais. »

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« Il y a un peu d’émotion »

Un « scénario travaillé » dans la semaine à l’entraînement pour « sécuriser le ballon », selon Louis Bielle-Biarrey (20 ans). La dernière louange, après l’ultime ballon (de la gagne) balancé en touche… par Thomas Ramos himself, est pour Alexandre Roumat : « On a la chance d’avoir un grand joueur comme ça, qui conduit l’équipe de manière incroyable et qui fait basculer un match dans un grand moment. »

Difficile de choisir meilleur moment, hormis le 15 octobre dernier (oups), pour sortir de sa boîte avec brio dans un money time. Très marqué par ce Tournoi des VI Nations chaotique, l’intéressé s’est contenté, au micro de France 2, d’un « il y a un peu d’émotion parce que ça n’a pas été un Tournoi facile ». Tout n’est malheureusement pas aussi simple qu’une pénalité au buzzer de 50 mètres, devant plus de 58.000 spectateurs déchaînés, effectivement.