INTELLIGENCE ARTIFICIELLEOn a défié l’intelligence artificielle du jeu de plateau Pictionary vs IA

Pictionary vs IA : on a défié l’intelligence artificielle et on vous dit qui a gagné !

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE« 20 Minutes » a défié l’intelligence artificielle du nouveau jeu de plateau Pictonary vs IA lancé par Mattel
On a défié l'intelligence artificielle en jouant à Pictionary vs IA !
Christophe Séfrin

Christophe Séfrin

L'essentiel

  • Mattel donne un coup de jeune à son célèbre jeu de société Pictionary avec une nouvelle version nommée Pictionary vs IA, vendue 29,99 euros.
  • De deux à quatre joueurs âgés de 8 ans et plus, chacun doit faire deviner à l’intelligence artificielle, via un smartphone connecté à une application, ce qu’il a dessiné.
  • L’idée est amusante et dans l’air du temps, et engendre auprès des joueurs des réactions qui peuvent étonner.

Jouer contre un ordinateur ou une application n’est pas nouveau. Jouer contre l’intelligence artificielle sur un jeu de plateau, l’est davantage. Avec Pictionary vs IA, Mattel tente de rajeunir le classique jeu de dessin lancé il y a près de 40 ans, celui où chaque participant doit faire deviner à ses adversaires ce qu’il a dessiné. Cette fois, une nouvelle joueuse s’invite à la table, l’intelligence artificielle ! Et c’est elle qui va devoir deviner ce que vous avez dessiné. 20 Minutes l’a défiée.

Un smartphone s’invite à la table

C’est par un beau samedi pluvieux (comme la plupart des samedis de cet hiver 2023/2024 !) que nous déballons Pictionary vs IA. La boîte cartonnée renferme un jeu de cartes « Indice » (celles où figure le nom des objets à dessiner), un (tout) petit plateau, quatre pions, quatre ardoises à dessiner de type Velleda, autant de feutres effaçables. En plus : un support pour poser les ardoises à la verticale, et un autre pour poser un smartphone.

De deux à quatre joueurs peuvent jouer à Pictionary vs IA.
De deux à quatre joueurs peuvent jouer à Pictionary vs IA. - Mattel.

Smartphone qui, moyennant les 29,99 euros réclamés pour le jeu, n’est évidemment pas fourni. C’est à travers votre propre terminal connecté à Internet et un QR code à scanner fourni dans la boîte qu’une joueuse supplémentaire va pouvoir être convoquée : l’IA.

Nous sommes désormais cinq, dont une participante virtuelle autour du plateau. On est heureux d’accueillir la nouvelle joueuse et tout le monde s’emballe un peu quant aux perspectives de la partie : l’IA a pour réputation de tout savoir !

Dessinez… ce n’est pas forcément gagné !

Les règles du jeu, imprimées sur une feuille volante, sont simples. Chaque joueur tire une carte « Indice » au hasard pour savoir ce qu’il doit dessiner. Un chrono (trente secondes, mais le temps peut être réduit pour accélérer la partie) est ensuite lancé sur l’écran du smartphone où va s’opérer le décompte.

« À vos marques ! Prêts ? Dessinez ! », lance l’IA. Chacun s’exécute et s’applique, qui, pour dessiner un poisson, qui, un pantalon, qui, une échelle, comme suggéré par les cartes « Indice » piochées.

« Le temps est écoulé, chacun dévoile son dessin, placez vos jetons ! », lance la joueuse virtuelle à travers le haut-parleur du smartphone.

Ah, oui, les jetons sont des petits carrés de plastique que les joueurs utilisent pour prédire si l’IA devinera correctement ce qui est dessiné sur les ardoises. Soit « + » pour « oui », et «- » pour « non ». Une fois les paris effectués grâce à eux, chaque joueur dévoile aux autres sa carte « Indice », puis révèle son œuvre face au smartphone. Selon les résultats, chacun progresse, ou pas sur le plateau.

« Trop hâte ! », s’enthousiasme de son côté Eloé, 13 ans, l’une des joueuses réunies autour du smartphone.

L’IA piégée par un pantalon

Chaque ardoise dispose de petits repères qui permettent de parfaitement cadrer son dessin devant la caméra, afin que l’IA opère un scan et tente d’identifier les dessins qui lui sont présentés. Chacun va pouvoir ainsi révéler son chef-d’œuvre ! Et l’IA ne reste pas silencieuse au moment de scanner tour à tour les dessins. Ainsi clame-t-elle « Essayez-vous de me piéger ? » lorsque le dessin du poisson lui est présenté. Ben, non, le dessin est plutôt bien fait ! « C’est un dauphin ! », lance au bout de quelques secondes l’intelligence artificielle. Etonnement et rires moqueurs dans la salle.

Pour l'IA invitée à la table de jeu de Pictionary vs IA, ce dessin de pantalon est identifié comme étant celui d'un «éclair»...
Pour l'IA invitée à la table de jeu de Pictionary vs IA, ce dessin de pantalon est identifié comme étant celui d'un «éclair»... - Christophe Séfrin/20 Minutes

« Ne me dites rien », poursuit l’IA, nez à nez avec le dessin du pantalon. « Qu’est-ce que ça peut bien être » ? Aurions-nous déjà piégé l’intelligence artificielle, alors qu’il est évident que le dessin qui lui est présent est celui d’un pantalon ? « Serait-ce un éclair ? », interroge l’IA. Stupéfaction au salon. « C’est mort ! », déplore Charlène, 13 ans, qui avait pourtant soigné son dessin de pantalon. Le dessin de l’échelle, lui, est bien identifié.

La partie se poursuit après que chacun a essuyé avec un chiffon humide son ardoise plus ou moins magique.

C’est nul ou c’est trop bien ?

Nouveau round contre l’IA. Le dessin, certes approximatif d’une lanterne, est identifié comme étant celui d’une… asperge ! Celui, grossier mais ressemblant, d’un parachute, comme étant celui d’une feuille («c’est nul, autant jouer sans l’IA », s’énerve la maman d’Eloé)… Le dessin d’un pont est reconnu comme celui d’un… cactus !

De son côté, un super dessin de lion ne parvient pas à être scanné, alors que l’on fait tout pour bien orienter l’ardoise sur laquelle il a été réalisé face à la caméra du smartphone.

Enfin, un éléphant qui ne tente pas de tromper énormément l’IA (le dessin est bien fait !) est effectivement bien identifié : « je crois que nous avons un artiste, c’est un éléphant » lâche le smartphone. « Ahhh ! » collectif de soulagement…

Pictionary vs IA est basé sur l'IA Quick Draw de Google.
Pictionary vs IA est basé sur l'IA Quick Draw de Google. - Mattel

Le problème avec Pictionary vs IA, c’est qu’autour de la table où sont réunies des joueuses de 13, 13, 26 et 46 ans, personne ne se satisfait vraiment des résultats offerts par l’IA. Difficile de terminer cette partie. Que l’IA trouve le bon résultat et c’est « trop bien ». Qu’elle ne trouve pas la bonne réponse, alors que l’auteur du dessin qui lui est soumis est sûr d’avoir réalisé un chef-d’œuvre et c’est l’incompréhension. Que l’IA se trompe et ses supposés superpouvoirs sont considérés comme « nuls ». En tout cas, la prestation de l’intelligence artificielle alimente les débats, qui peuvent devenir houleux entre les pro et les anti-IA…

Des défis pour pimenter les parties

À bien y regarder, Mattel a peut-être voulu trop bien faire. Basée sur l’IA Quick Draw de Google (entraînée par des millions de dessins), cette version du Pictionary a sans doute fait de l’IA une joueuse un peu trop présente et active au cœur des parties. Celles-ci vont se succéder avec encore et toujours le même principe : faire deviner à l’IA ce que l’on a dessiné. Un peu simpliste. Voire lassant ?

Les défis qui peuvent être lancés (changer de main ; dessiner à l’aveugle…) peuvent sans doute les pimenter. Mais face à cette IA une nouvelle fois mise à contribution, il semble que la version originale du célèbre jeu de société, voire sa version « Air » (on dessine avec un stylet face à la caméra d’une tablette) aient aussi et encore de beaux jours devant elles.

* De deux à quatre joueurs de 8 ans et plus.