SUFFOCATIONDe 40°C à 62 °C, comment expliquer la différence de températures au Brésil ?

Brésil : Thermomètre à 40 °C et ressenti à 62,3 °C… Comment expliquer cette différence de température ?

SUFFOCATIONDimanche, la température réelle à Rio de Janeiro, au Brésil, était de 40 °C mais la température ressentie dépassait les 60 °C. Françoise Vimeux, climatologue, explique à « 20 Minutes » cet écart important
À Rio de Janeiro au Brésil, la température ressentie a atteint un nouveau record de chaleur avec 62,3°C ressentis ce week-end (Illustration)
À Rio de Janeiro au Brésil, la température ressentie a atteint un nouveau record de chaleur avec 62,3°C ressentis ce week-end (Illustration) - T. Teixeira / AFP / AFP
Elise Martin

Elise Martin

L'essentiel

  • Des températures records ont été atteintes au Brésil, avec 40 °C et un ressenti de plus de 62 °C à Rio de Janeiro, ce qui est une conséquence directe du réchauffement climatique, renforcé par le phénomène El Niño selon la climatologue, Françoise Vimeux.
  • Cette experte à l’Institut de recherche pour le développement a répondu aux questions de 20 Minutes.
  • « Plus l’air est humide et plus la sensation de chaleur va être importante », explique Françoise Vimeux, soulignant qu’il faut s’attendre à vivre ce type d’événements en Europe « dans les prochaines décennies ».

Le Brésil bat des nouveaux records de chaleur en raison d’une canicule qui touche l’Amérique latine depuis le début de l’année. Dimanche, à Rio de Janeiro, le thermomètre est monté jusqu’à 40 °C et la température ressentie a atteint 62,3 °C.

Comment expliquer cette différence entre les températures ? Pourquoi une telle situation a-t-elle lieu au Brésil ? Doit-on se préparer à ce genre de phénomène en France ? Françoise Vimeux, climatologue à l’Institut de recherche pour le développement, a répondu aux questions de 20 Minutes.

Comment expliquer la différence entre la température réelle et la température ressentie à Rio le week-end dernier ?

La température réelle, c’est la température de l’air à 1,5 m du sol qu’on mesure avec un thermomètre sous abris. La température ressentie, c’est plutôt un indice qui correspond à la perception que notre corps a de cette température réelle. Elle va dépendre de plusieurs facteurs météorologiques comme le vent, l’humidité, le rayonnement du soleil ou celui du sol. En hiver, par exemple, plus il y a de vent et plus la température ressentie est basse par rapport à celle de l’air. Et en été, la différence se fait plutôt en fonction du taux d’humidité dans l’air. Plus l’air est humide et plus la sensation de chaleur va être importante.

Pourquoi ? Parce que la seule solution pour que le corps se libère de la chaleur en excédent, c’est la transpiration. Si l’humidité dans l’atmosphère est très élevée, la sueur sur la peau va avoir plus de difficultés à s’évaporer. Et le corps ne pourra pas se rafraîchir nous laissant une perception de la chaleur plus élevée. C’est pourquoi, il est toujours plus facile de supporter une température élevée dans des conditions sèches que dans des conditions humides.

« C'est un vrai enjeu de santé car le couple « température élevée et humidité élevée » crée des conditions potentiellement mortelles »

Françoise Vimeux, climatologue

Qu’est-ce qui favorise cette situation ?

Dans le cas du Brésil, en toute rigueur, il faut attendre les études d’attribution pour savoir si ces températures records sont attribuables au changement climatique ou à l’événement El Niño ou aux deux et dans ce cas, dans quelles proportions. Avec ces analyses, on se demande si un phénomène extrême aurait pu se dérouler dans un climat non modifié par l’homme. En attendant la confirmation de ces études, on peut dire que très probablement, les températures extrêmes brésiliennes résultent du réchauffement climatique, boosté par le phénomène El Niño. Car d’autres régions du monde sont, elles aussi, en train de suffoquer en ce moment avec des températures terrifiantes, comme en Afrique du Nord.

Doit-on se préparer à ce type de situation en Europe ?

Il y a quatre grands risques qui ont été identifiés pour l’Europe liés au réchauffement climatique. Les vagues de chaleur et leurs impacts sur les sociétés humaines et les écosystèmes aquatiques et terrestres, en font partie. Et on doit s’y adapter car dans les décennies à venir elles vont être plus intenses, plus fréquentes, plus longues et elles pourront arriver plus tôt ou plus tard dans la saison estivale. Si les températures très fortes arrivent dans des contextes où on a de l’apport d’humidité dans l’air qui vient de l’océan Atlantique ou la Méditerranée, sans un poil de vent, on va se retrouver dans la même situation qu’au Brésil car le taux d’humidité dans l’air dépend de la situation météorologique. C’est ce qu’on ressent quand on parle de lourdeur de l’air.

C’est un vrai enjeu de santé car le couple « température élevée et humidité élevée » crée des conditions potentiellement mortelles. On sait que, par exemple, dans un climat où on aurait en moyenne globale un réchauffement de +4 °C, 50 à 75 % de la population mondiale serait exposée presque tous les jours de l’année à ce genre de conditions.