Disparition« Les hirondelles font le printemps mais »… peut-être plus pour longtemps

« Les hirondelles font encore le printemps mais »… peut-être plus pour longtemps

DisparitionLes beaux jours arrivent et, avec eux, les hirondelles. Sauf que les petits oiseaux sont de moins en moins nombreux à chanter
Deux hirondelles dites « de fenêtre ».
Deux hirondelles dites « de fenêtre ». - F.CAHEZ / LPO
Thibaut Gagnepain

Thibaut Gagnepain

L'essentiel

  • Les principales espèces d’hirondelles (rustique et de fenêtre) ont décliné respectivement de 28 % et 25 % depuis 2001 en France.
  • Plusieurs facteurs expliquent cette baisse, dont certains sont humains.
  • Selon Jérémy Dupuy, ornithologue de la LPO, au vu de la diminution du nombre d’hirondelles, elles pourraient ne bientôt plus être un indicateur symbolique du retour du printemps.

Leurs gazouillis se font déjà entendre chez certains. D’autres ont pu les observer rejoindre leurs nids… Les hirondelles arrivent avec le printemps dit à peu près l’expression, même s’il ne faut pas toujours s’y fier. « Les premières sont là environ à la mi-mars mais l’essentiel des retours se fait en avril », précise Jérémy Dupuy, ornithologue à la Ligue de protection des oiseaux (LPO).

Mais depuis plusieurs années, ces volatiles sont de moins en moins nombreux à retrouver la France. Depuis 2001, les deux principales espèces, dites rustique et de fenêtre ont respectivement décliné de 28 et 25 %. Pire, elles ont diminué de 40 % à l’échelle européenne depuis les années 1980, d’après les chiffres du Pan-European Common Bird Monitoring Scheme.

Des facteurs notamment humains

La raison ? « Il y a plusieurs facteurs », reprend le spécialiste. « La première est liée à la disparition progressive d’insectes volants dans nos paysages, surtout à cause des produits phytosanitaires utilisés dans l’agriculture conventionnelle. Les hirondelles ont du mal à trouver à manger et ont donc des difficultés à nourrir leurs nichées. »

Quand elles ont un nid… Car c’est l’un des autres soucis majeurs de l’espèce : « il y a beaucoup de destructions de colonies liées aux rénovations des maisons. » Habituées à loger contre les plafonds des vieilles granges ou en façade sous les avancées de toit, les hirondelles sont les grandes perdantes des ravalements, isolations et autres réhabilitations.

Interdit de détruire un nid

Souvent, leurs nids disparaissent avec les travaux. « Alors que c’est interdit », prévient Jérémy Dupuy en référence à l’article L411-1 du Code de l’environnement. La LPO conseille plutôt de déplacer ces habitats ou, si c’est impossible, d’en acheter des artificiels contre une vingtaine d’euros environ. « Et on l’installe dans son garage, sous son toit, c’est très facile », insiste l’ornithologue. Petit conseil pratique pour les plus volontaires : pensez à mettre une planche en dessous, afin de capter les fientes.

Troisième raison du déclin des hirondelles, la sécheresse. « Elles ne trouvent alors plus de quoi se nourrir et peuvent mourir par centaines de milliers. On avait observé ça dans les années 1980 au sud du Sahara mais il n’y a pas eu de tels épisodes récents », précise encore le professionnel, qui milite comme son association pour un plan de sauvegarde de l’espèce. La métropole lyonnaise en a un lancé l’an dernier et, partout en France, des initiatives naissent.

Une hirondelle rustique
Une hirondelle rustique - LPO

Comme à Plouégat-Guérand, dans le Finistère, devenu depuis peu une commune où on « protège les hirondelles ». « Ça faisait un moment que je m’intéressais à elle et j’avais même commencé à relever les nids pour envoyer des chiffres à la LPO », détaille Hélène Tassel, l’une des élues à l’origine de cette appellation symbolique. « J’ai entendu qu’une convention du même type avait été signée à Plestin-les-Grèves, dans les Côtes-d’Armor et ça nous a donné l’idée. C’est essentiel de protéger leur nidification et reproduction. »

Des opérations de sensibilisation seront ainsi menées dans ce bourg de 1.200 habitants, afin « que les gens sachent qu’il faut préserver les nids ». Comme cela a été le cas quand l’école municipale a subi des travaux. « On a fait un dossier et déplacer le nid sur un autre bâtiment », relate la passionnée.

« Il peut aussi se construire des tours de quelques mètres qu’on appelle HLM à hirondelles », reprend Jérémy Dupuy, avant de conclure avec humour. « Les hirondelles font encore le printemps mais au vu de leur diminution, ce ne pourrait bientôt plus être un indicateur. »