justiceLe suspect de l’attaque d’Yvan Colonna évoque « un acte commandité »

Attaque mortelle d’Yvan Colonna : Le suspect évoque « un acte commandité », le ministère de l’Intérieur dément

justiceCes propos sont à prendre « avec la plus grande prudence » eu égard aux troubles psychiques du suspect, a indiqué une source proche du dossier
Yvan Colonna, incarcéré pour l’assassinat du préfet Claude Erignac, est mort après avoir été agressé à la prison d'Arles.
Yvan Colonna, incarcéré pour l’assassinat du préfet Claude Erignac, est mort après avoir été agressé à la prison d'Arles. - Fanny Hamard/SIPA / Sipa
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Le suspect de l’agression mortelle du militant corse Yvan Colonna à la prison d’Arles en 2022 a évoqué dans un courrier « un acte commandité », des propos à prendre « avec la plus grande prudence » eu égard à ses troubles psychiques, a indiqué mercredi une source proche du dossier.

Le ministère de l’Intérieur a lui fermement démenti des allégations « fausses » et « sans fondement ».

« A la suite de son dernier interrogatoire au cours duquel il avait donné une version des faits totalement différente, Franck Elong Abé a écrit au magistrat instructeur pour évoquer un acte commandité par des individus se présentant sous une fausse identité mais étant des agents de la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure) qui lui auraient intimé l’ordre d’assassiner Yvan Colonna », a détaillé la source proche.

L’existence de cette lettre a été révélée par Corse-Matin et France 3 Corse.

« L’état psychiatrique de Franck Elong Abé, dont les experts ont conclu qu’il avait eu une altération du discernement, et l’incohérence d’une partie de son écrit conduisent à considérer ses nouvelles déclarations avec la plus grande prudence », a ajouté cette source.

« Ces allégations sont totalement fausses et sont sans fondement », a déclaré la porte-parole du ministère de l’Intérieur, Camille Chaize. « Les services du ministère de l’Intérieur ne commanditent pas d’assassinat ni d’agression contre qui que ce soit. Ce ne sont pas des pratiques qui existent », a-t-elle ajouté.

Yvan Colonna, qui purgeait une peine de réclusion à perpétuité pour l’assassinat du préfet Claude Erignac en 1998, a été violemment agressé le 2 mars 2022 dans la salle de sport de la prison d’Arles par cet homme radicalisé condamné notamment dans un dossier terroriste.

Il est décédé des suites de ses blessures deux semaines plus tard. Des veillées sont prévues jeudi à l’occasion des deux ans de sa mort.

Au moment des faits, Franck Elong Abé était classé détenu particulièrement signalé (DPS) depuis novembre 2015 en raison de sa « grande dangerosité », de « son instabilité » et de « la persistance de son comportement violent », selon des documents d’enquête.

Il purgeait alors plusieurs peines, dont une de neuf ans d’emprisonnement pour association de malfaiteurs terroriste, et était libérable en décembre 2023.

Le suspect, 37 ans aujourd’hui, est mis en examen pour assassinat en relation avec une entreprise terroriste.

Lors de ses premiers interrogatoires, il avait expliqué s’en être pris à Yvan Colonna parce qu’il aurait blasphémé contre le prophète Mahomet. Il avait affirmé avoir « agi seul », « pour le compte d’aucun groupe ».

Une commission d’enquête parlementaire sur les conditions de cette agression mortelle a pointé, dans un rapport publié en mai 2023, de « graves défaillances » dans l’appréciation de la dangerosité de Franck Elong Abé, une « rigueur » excessive du traitement carcéral infligé à Yvan Colonna et des « dysfonctionnements » d’ordre général dans l’établissement pénitentiaire.