dans le ventUn réacteur par an… Le pari colossal d’EDF pour relancer le nucléaire

Nucléaire : EDF veut accélérer et construire au moins un réacteur par an en Europe

dans le ventPorté par un regain d’intérêt pour l’atome, EDF compte déployer des réacteurs de 3e génération (EPR) en France et en Europe à une échelle « industrielle »
Le chantier de l'EPR d'Hinkley Point au Royaume-Uni.
Le chantier de l'EPR d'Hinkley Point au Royaume-Uni.  - HANDOUT / EDF ENGERY / AFP / AFP
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Personne n’a oublié les dérapages de coûts et de délais à répétition incarnés par l’EPR de Flamanville censé démarrer cette année. Face à ces déboires de chantier, l’annonce d’EDF fait figure de pari ambitieux (et risqué). Ce jeudi, le groupe a assuré compter déployer des réacteurs de 3e génération (EPR) en France et en Europe à une échelle « industrielle ».

En novembre déjà, le PDG Luc Rémont avait fixé le cap : construire « 1 voire 1,5 (réacteur EPR2) par an » en Europe dès la prochaine décennie, loin du rythme actuel de « un ou deux (réacteurs) par décennie ». Le défi industriel est bel et bien colossal pour le groupe, lesté d’une dette abyssale (54,4 milliards d’euros). D’autant qu’EDF doit aussi répondre à la relance d’un programme nucléaire en France pouvant aller jusqu’à 18 réacteurs EPR2 – version améliorée de l’EPR – et mener à bien ses deux programmes anglais, Hinkley Point et Sizewell. « On a déjà fait quatre par an », dans les années 1970-1980, « c’est que c’est possible », rassurait le PDG en novembre.

Des retards sur tous les chantiers d’EPR

Aujourd’hui, seules deux centrales dotées d’EPR d’EDF sont en marche dans le monde, en Finlande et en Chine, en attendant le démarrage commercial de l’EPR normand de Flamanville annoncé pour mi-2024… avec douze ans de retard. Le chargement du combustible, étape cruciale avant le raccordement, est toujours officiellement prévu d’ici au 31 mars, mais l’autorité de sûreté a prévenu que le calendrier était « tendu »…

En janvier, EDF annonçait que son chantier à Hinkley Point pourrait connaître jusqu’à six ans de retard et un quasi-doublement du coût. Et un scénario similaire se dessine pour le programme de six EPR2 porté par le gouvernement français, dont la facture provisoire aurait déjà gonflé de 30 % (67,4 milliards au lieu des 51,7 milliards annoncés), selon le journal Les Echos.

Pour EDF, l’objectif est d’atteindre un « effet de série »

Si le nouveau chiffrage n’a été confirmé ni par EDF ni par l’Etat, il a ravivé les doutes sur la capacité de l’électricien à livrer ses chantiers dans les clous budgétaires et temporels, au point d’agacer le ministre de l’Economie Bruno Le Maire : « EDF doit apprendre à tenir ses coûts et son calendrier. »

Le groupe se dit lui pleinement mobilisé pour parvenir à un modèle d’EPR2 optimisé et standardisé, tenant compte des pièges du passé. Pour EDF, l’objectif est d’atteindre un « effet de série », donc construire des réacteurs de manière industrielle pour être plus compétitif. Le groupe a ainsi entamé des discussions aux Pays-Bas, en Slovénie, Pologne, Finlande et Suède, au moment où l’atome retrouve la cote en Europe, à la faveur de l’impératif climatique de sortir des énergies fossiles et d’une plus grande indépendance vis-à-vis à de la Russie, plus grand exportateur de centrales. En République tchèque, EDF est présélectionné avec son concurrent sud-coréen Kepco dans un appel d’offres pour quatre réacteurs.

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