défenseTout savoir sur Mamba, le système sol-air de l’armée de l’Air

Radar, missiles « à chaud » et « puissance de feu »… Tout savoir sur le système de défense sol-air Mamba

défenseÀ l’occasion de son exercice Volfa, organisé depuis la BA118 de Mont-de-Marsan, l’armée de l’Air a sorti son système sol-air de moyenne portée Mamba
Le lanceur de la batterie Mamba est équipé de huit missiles Aster 30.
Le lanceur de la batterie Mamba est équipé de huit missiles Aster 30. - Mickaël Bosredon / 20 Minutes
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

L'essentiel

  • Mis en service en 2010 et présenté cette semaine à l’occasion de l’exercice Volfa à Mont-de-Marsan, le système Mamba permet de se défendre contre des menaces aériennes comme des avions, des missiles de croisière, mais aussi des missiles balistiques.
  • Ce système sol-air de moyenne portée (SAMP) est constitué d’une batterie équipée d’un radar Arabel, un véhicule d’engagement et un véhicule lanceur, capable de tirer huit missiles.
  • Il s’agit de missiles Aster 30, dits « hypervéloces », pouvant atteindre Mach 4+ soit environ 5.000 km/h, et toucher une cible jusqu’à 100 kilomètres.

Il traite « ce qui respire dans l’air », à savoir les avions, tout comme « ce qui ne respire pas », comme les missiles balistiques. Mardi, l’escadron de défense sol-air (EDSA) de la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan (Landes) a sorti sa batterie Mamba, à l’occasion de l’exercice annuel Volfa, qui dure jusqu’au 29 mars. 20 Minutes y a rencontré le commandant Gilles, commandant de l’EDSA de Mont-de-Marsan. Voici ce qu’il faut savoir sur ce système de défense sol-air.

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Qu’est-ce que le Mamba ?

Mis en service en 2010, le système Mamba permet de se défendre contre des menaces aériennes comme des avions et des missiles de croisière. C’est aussi « la première capacité nationale à réaliser de l’antimissile balistique » précise le commandant Gilles. Ce système sol-air de moyenne portée (SAMP) est constitué d’une batterie équipée d’un radar Arabel, un véhicule d’engagement et un véhicule lanceur. « Le radar peut voir à 360° et jusqu’à un niveau de vol 600, c’est-à-dire 60.000 pieds ou 20 km » explique le commandant Gilles.

Après avoir identifié la menace, il transmet au véhicule d’engagement où un opérateur reçoit l’ordre de déclencher, ou pas, le tir, effectué alors « en une fraction de seconde » depuis un troisième véhicule, le véhicule lanceur. Celui-ci est équipé de huit missiles, « sachant que l’on peut intégrer dans la batterie jusqu’à six véhicules lanceurs, soit 48 missiles » précise le commandant Gilles.

La système sol-air mamba est équipé de trois modules, dont un radar Arabel pour la détection de la menace aérienne.
La système sol-air mamba est équipé de trois modules, dont un radar Arabel pour la détection de la menace aérienne. - Mickaël Bosredon

La batterie Mamba, au sol, travaille généralement en complémentarité des avions de chasse, dans le but de créer une véritable « bulle aérienne. » « Il faut voir le Mamba comme un ailier fixe, très peu mobile certes, mais doté jusqu’à 48 missiles, ce qu’un avion ne pourra jamais emporter, souligne le commandant Gilles. C’est une puissance de feu extraordinaire. » La coordination avec les avions de chasse est l'élément le plus comlexe à organiser pour l'efficacité de cette bulle aérienne. C'est précisément ce qui est travaillé durant l'exercice Volfa.

Quelle est la portée de tir du Mamba ?

Le système intègre des missiles Aster 30, dits « hypervéloces », pouvant atteindre Mach 4+ soit 5.000 km/h. Le missile peut potentiellement atteindre une cible jusqu’à 100 kilomètres, mais la zone de protection de l’ensemble du système Mamba équivaut plutôt à « un cylindre de 80 km de rayon et 20 km d’altitude. » Les missiles peuvent être tirés dans toutes les directions. « On n’a donc pas besoin de bouger notre lanceur, contrairement à un Patriot qui est pré-orienté, pointe le commandant Gilles. C’est une des grosses forces de ce système. »

Comment le missile atteint-il son objectif ?

Une fois que l’ordre d’engagement est donné, le missile « va aller taper directement son objectif » assure le commandant Gilles. « L’Aster est un missile dit "à chaud", précise l’officier, c’est-à-dire qu’il brûle son carburant d’entrée. C’est pour cela qu’à l’arrière du véhicule, il faut établir une zone de protection de 250 mètres, car les projections de gaz, cailloux et autres débris peuvent engendrer des blessures. C’est une sorte de petite fusée à deux étages, avec un booster qui permet de s’extraire du tube et de s’élever dans un premier axe de trajectoire, vers le quart dans lequel se situe sa menace. Après, il y a le missile en lui-même, qui se sépare et file directement sur son objectif. » Les missiles « à froid » sont, eux, d’abord éjectés de leur silo à l’aide d’une cartouche de faible puissance, et se mettent à feu une fois en l’air.

L’officier ajoute que le principe d’un missile de type Aster est de s’élever assez haut pour aller frapper sa cible par-dessus, « et non par-dessous comme on le voit dans les films ». Car « il faut aller frapper l’avion là où il a le plus de surface, et lui causer ainsi un maximum de dégâts. »

De combien de Mamba l’armée de l’Air dispose-t-elle ?

Le système Mamba équipe actuellement quatre escadrons de défense sol-air, basés à Saint-Dizier (Haute-Marne), Istres (Bouches-du-Rhône), Mont-de-Marsan et Avord (Cher). Chaque escadron en possède deux, ce qui fait huit systèmes Mamba à l’échelle de la France. Depuis un an, un détachement Mamba est projeté sur le flanc est de l’Europe, en Roumanie.

Quelles sont les limites du système Mamba ?

Aujourd’hui, un système Mamba ne pourrait rien contre un ICBM (missile balistique intercontinental de dernière génération), beaucoup trop rapides. La Russie affirme ainsi que son missile Kinjal pourrait évoluer à Mach 10. Dans les faits, ce ne serait « que » Mach 6, ce qui reste encore beaucoup trop pour l’Aster 30. « Il n’y a qu’un, voire deux systèmes dans le monde capables d’intercepter ces missiles balistiques de dernière génération et de très longue portée, quelle que soit leur nationalité », analyse le commandant Gilles.

Le système Mamba ne serait pas non plus pertinent face à un drone. « Il pourrait détruire un drone, mais ce serait disproportionné d’envoyer un Aster 30 à plus d’un million d’euros sur un engin à 500 euros, pointe le commandant Gilles. En fonction de la menace que ce dernier représente, cela pourrait éventuellement être justifié, mais en général, on va privilégier un système de défense plus petit. »

L’armée de l’Air doit être équipée à l’horizon 2027 d’un système SAMP de nouvelle génération. « Il sera doté d’une capacité pouvant intercepter des missiles d’une plus grande portée, tandis que le radar pourra détecter des cibles balistiques de manière optimisée » résume le commandant Gilles.