FOOTBALLLacazette aurait-il pu connaître un tout autre destin avec les Bleus ?

France-Allemagne : Alexandre Lacazette aurait-il pu connaître un destin doré avec les Bleus (même avec Deschamps) ?

FOOTBALLA 32 ans, l’attaquant de l’OL a beau encore empiler les buts en 2024, il savait qu’il n’avait pas la moindre chance d’être retenu par Didier Deschamps pour le France-Allemagne de ce samedi (21 heures) à Lyon-Décines
Il n'est quand même pas fréquent de clore une carrière internationale à 26 ans, sans blessure ni choix personnel, après un doublé contre une grosse nation comme l'Allemagne (2-2). Ainsi va la vie d'Alexandre Lacazette depuis le 14 novembre 2017.
Il n'est quand même pas fréquent de clore une carrière internationale à 26 ans, sans blessure ni choix personnel, après un doublé contre une grosse nation comme l'Allemagne (2-2). Ainsi va la vie d'Alexandre Lacazette depuis le 14 novembre 2017. - Martin Meissner/AP/SIPA / SIPA
Jérémy Laugier

Jérémy Laugier

L'essentiel

  • L’équipe de France de football affronte ce samedi (21 heures) l’Allemagne en match amical à Lyon-Décines, à trois mois de l’Euro 2024.
  • A 32 ans, et malgré une forme éclatante, avec 10 buts inscrits sur ses 10 derniers matchs en Ligue 1, l’attaquant lyonnais Alexandre Lacazette n’a sans surprise pas l’occasion de disputer ce match dans « son » Parc OL.
  • A défaut de véritable explication de Didier Deschamps sur son obstination à ne plus le faire jouer avec les Bleus depuis novembre 2017… et un doublé inscrit en Allemagne (2-2) , 20 Minutes s'intéresse à la carrière internationale qui aurait pu être celle de l’ancien Gunner.

On vous parle d’un temps où Antoine Griezmann venait d’entamer son invraisemblable série de 84 rencontres consécutives avec les Bleus. Le 14 novembre 2017, l’équipe de France dispute un match amical à Cologne faisant figure de sérieux test, à sept mois de la Coupe du monde en Russie. Face à l’Allemagne (2-2), Didier Deschamps aligne un trio offensif Mbappé-Martial-Lacazette. Oui, oui, il y a un monde où le sélectionneur tricolore pouvait titulariser Alexandre Lacazette à la pointe de son attaque.

Profitant d’un caviar d’Anthony Martial (0-1, 33e), puis gérant avec malice un duel face à Kevin Trapp, après un service de Kylian Mbappé (1-2, 71e), figurez-vous que l’attaquant évoluant alors à Arsenal s’est offert un doublé ce soir-là. Le genre de perf à même de vous promettre un bel avenir avec votre sélection, à 26 ans. « J’ai pu être efficace et décisif pour l’équipe, appréciait alors Alexandre Lacazette. Je pense que j’ai marqué des points. On verra pour le prochain rassemblement si ça suffit. »

Alexandre Lacazette, félicité par son coéqupier Kylian Mbappé pour son doublé en Allemagne en 2017. L'alléchant tandem offensif n'a plus jamais été reconduit depuis ce match amical.
Alexandre Lacazette, félicité par son coéqupier Kylian Mbappé pour son doublé en Allemagne en 2017. L'alléchant tandem offensif n'a plus jamais été reconduit depuis ce match amical. - Martin Meissner/AP/SIPA

« Il avait enfin lancé sa carrière internationale »

Pensez-vous, le Lyonnais n’a plus jamais revêtu le maillot bleu depuis ce rendez-vous supposé majeur, et le public du Parc OL regrettera donc de ne pas retrouver son chouchou sur le terrain, ce samedi (21 heures), pour un nouveau France-Allemagne en amical. « Devant ce match fin 2017, je m’étais dit qu’Alex avait enfin lancé sa carrière internationale, se souvient son ami Enzo Reale, formé en même temps que lui à l’OL. Le foot est aussi fait de feeling avec les coachs, et Deschamps ne lui faisait pas confiance dès le début. Mais là, grâce à ce doublé en Allemagne, je pensais qu’il allait être à la Coupe du monde 2018. »

Vous connaissez la suite : bien que doublure de Lacazette chez les Gunners durant la première partie de saison, avant de gratter (un peu) plus de temps de jeu à Chelsa de février à mai 2018 (6 titularisations et 3 buts), Olivier Giroud est l’avant-centre clé de DD au Mondial. Précieux mais sans le moindre but inscrit dans la compétition, l’ancien Montpelliérain est finalement le seul numéro 9 de la liste des 23 tricolores. Une anomalie/un malaise clair avec DD qui a plombé durant quelques mois Alexandre Lacazette, déjà snobé pour l’Euro 2016, et qui voyait là « une injustice » (dixit Enzo Reale).

L’intéressé se contente désormais d’un fataliste/énigmatique « il m’a fallu du temps mais j’ai compris maintenant, tout était évident », lors d’une récente interview pour Oh My Goal. A 20 Minutes, on a tenu à se lancer dans un « what if » majeur du football français au XXIe siècle : et si Lacazette avait été repris par DD après ce doublé ? Evidemment, pour l’occasion on a convié des supporteurs de l’OL, à la « lyonnaise foi » si souvent assumée.

Pas de binôme Griezmann-Lacazette, « un gâchis » ?

« Il aurait totalement pu avoir la carrière d’Olivier Giroud en équipe de France, lance illico Vincent (32 ans). A la Coupe du monde 2018, je l'aurais bien vu épuiser les défenses pendant 70 minutes, quand on sait à quel point il est une menace constante. Puis Giroud aurait pu entrer en jeu pour être décisif en fin de match, ce qui est son meilleur registre. » Pour Gérard Bonneau, ancien responsable de la cellule de recrutement des jeunes à l’OL, « tu ne peux pas te priver d’un joueur qui marque autant de buts chaque saison, Alex est un tueur à gages dans une surface de réparation, et avec en plus une panoplie complète ».

Outre ses trois saisons incroyables à plus de 30 buts inscrits avec l’OL et son statut de capitaine à Arsenal comme à Lyon, sa palette technique laisse un regret particulier à Vincent. « Quand on voit à quel point Giroud a pu profiter des bons ballons d’Antoine Griezmann durant tout ce temps, ça fait forcément tilt, explique ce supporteur lyonnais. Car on repense au prime de Lacazette, au moment de son association avec Nabil Fekir en 2014-2015. Et comme en plus Lacazette et Griezmann sont potes depuis les sélections de jeunes, je ne vois pas comment leur connexion aurait pu être moins productive que celle entre Griezmann et Giroud. C’est un gâchis pour l’équipe de France. »

Promis, cette photo de DD félicitant Alexandre Lacazette n'est pas un montage de « 20 Minutes ». Là aussi, ça remonte au doublé du Lyonnais à Cologne (Allemagne).
Promis, cette photo de DD félicitant Alexandre Lacazette n'est pas un montage de « 20 Minutes ». Là aussi, ça remonte au doublé du Lyonnais à Cologne (Allemagne).  - Neil Baynes/Pixathlon/SIPA

Un retour à l’OL « inenvisageable »

Abonné au virage sud du Parc OL, Théo (23 ans) reprend le fil de l’histoire : « Avec la blessure de Payet juste avant le Mondial 2018, ça a libéré une place dont Lacazette aurait dû bénéficier. Il aurait pu avoir un rôle supérieur à celui de Nabil Fekir sur la compétition, surtout avec un Giroud bloqué à zéro but devant lui. Je ne vois pas pourquoi nous n’aurions pas été champions du monde avec lui. Et une fois qu'on a intégré le groupe de Deschamps sur un grand tournoi, on sait que c’est parti pour longtemps ».

Le tournant tricolore a clairement eu lieu en 2018 pour le Guadeloupéen. « Sur un CV de footballeur, un titre de champion du monde change tout, résume Enzo Reale. Alex aurait pu signer dans de très grands clubs derrière. » C’est pourquoi ce Mondial en Russie aurait sans doute eu des conséquences sur sa carrière, mais pas que, comme le résument nos créatifs supporteurs lyonnais.

  • « Il aurait quitté cet Arsenal qui ne gagnait plus de titre et qui ne se qualifiait plus en Ligue des champions, pour sans doute rejoindre un club comme le FC Barcelone, qui était même sans ce scénario intéressé par lui en 2019 », confie Julien (19 ans).
  • « Son retour à l’OL à seulement 31 ans (en 2022) aurait été inenvisageable, donc dans un sens on savoure la tournure des événements », sourit Théo.
  • « Si Lacazette s’impose au sein des Bleus à partir de la Coupe du monde 2018, Deschamps n’a pas tant besoin que ça de faire revenir Karim Benzema à contrecœur pour l’Euro 2021 », poursuit Théo.

L’opportunité des JO de Paris 2024 ?

Car oui, le contentieux entre les supporteurs de l’OL et l’inoxydable sélectionneur des Bleus va au-delà du seul cas Lacazette. Et ce n’est pas la dernière réaction en date de DD, en janvier aux côtés du maire de Lyon Grégory Doucet et de Brigitte Macron, sur cette question des joueurs lyonnais qu'il snoberait depuis douze ans, qui a adouci les rapports. « Moiiiiiiii ? Pas du tout, à eux d’être au niveau », lançait l'ex-coach de Monaco et de l'OM dans un éclat de rire.

NOTRE DOSSIER SUR ALEXANDRE LACAZETTE

De quoi entériner un compteur international bloqué à 16 sélections (3 buts) et sans tournoi majeur pour Alexandre Lacazette, malgré ses 45 pions en 64 matchs depuis son retour à Lyon (et même 10 sur ses 10 dernières rencontres disputées en Ligue 1), et malgré la saison galère au PSG d’un de ses « concurrents », Randal Kolo Muani. Enfin ça, c’était jusqu’au triomphe de l’attaquant lyonnais aux JO de Paris 2024, avec les Espoirs d’un Thierry Henry qui a toujours loué sa science du jeu. Avouez que là, « y a cher moy' »