DealUne start-up paie la rénovation énergétique contre une part de votre maison

Une start-up paie les travaux de rénovation énergétique contre une part de votre maison

DealLa start-up Vasco propose de financer les gros travaux énergétiques des logements, dont elle prend un pourcentage de la valeur en échange. « C’est assez vertueux », estime un client
Des travaux d'isolation du toit d'une maison (illustration).
Des travaux d'isolation du toit d'une maison (illustration). - SIERAKOWSKI/ISOPIX / SIPA
Thibaut Gagnepain

Thibaut Gagnepain

L'essentiel

  • Vasco est une start-up qui finance des travaux de rénovation énergétique de maisons en échange d’un pourcentage de la propriété du bien. Elle va par exemple financer 40.000 euros de travaux d’isolation pour Pierre, en échange de 12 % de la valeur de sa maison.
  • La start-up détermine le pourcentage qu’elle prend en fonction du montant des travaux par rapport à la valeur totale de la maison, avec un coefficient multiplicateur de 1.3. Elle se finance grâce aux investisseurs et aux frais facturés aux propriétaires, avant de pouvoir revendre ses parts ou les faire racheter.
  • Pierre*, un client, trouve que c’est un système vertueux qui va valoriser sa maison et lui faire faire des économies d’énergie, sans avoir à rembourser de crédit supplémentaire.

Une facture avec plusieurs zéros. Voilà souvent ce qui attend les propriétaires de maisons qui entreprennent de lourds travaux de rénovation énergétique. Isolation, chauffage, remplacement de menuiseries…

« Alors deux solutions se présentent généralement : soit vous payez cash, soit vous empruntez », lance Hervé Degreve, qui en propose une troisième avec la start-up qu’il a cofondée. Vasco finance ce fameux projet à condition… de prendre « un bout de la maison ».

Exemple avec ce qu’il va bientôt se passer chez Pierre*, propriétaire d’un vaste pavillon « de 180 m² » à Compiègne (Oise). « On l’a acheté l’an dernier et on s’est rendu compte que l’isolation de notre toiture était une catastrophe. En octobre, il faisait maximum 17°C à l’étage en chauffant », détaille-t-il, lui qui a donc décidé de se lancer dans une « isolation thermique par détuilage ».

Avec le changement de « trois, quatre velux » et « quelques travaux induits », le devis est chiffré « à 40.000 euros ». Un montant que va totalement régler Vasco. En échange, le couple, parent de quatre enfants, a accepté de céder un pourcentage de sa maison. « Pour nous, c’est environ 12 % », estime le quadragénaire, qui doit bientôt officialiser tout ça chez le notaire.

Hervé Degrève, Sébastien Prot et Mathieu Guerchoux (de gauche à droite), les trois cofondateurs de « Vasco ».
Hervé Degrève, Sébastien Prot et Mathieu Guerchoux (de gauche à droite), les trois cofondateurs de « Vasco ». - Vasco

« Pour définir notre part, nous faisons d’abord estimer la maison par un expert immobilier avant de proposer un prix au propriétaire, libre de l’accepter ou non », reprend Hervé Degreve. « Nous regardons ensuite quel pourcentage représente les travaux que nous finançons sur la valeur de la maison et on applique un facteur de 1,3. »

Dans le cas de Pierre, son bien a été estimé à « 455.000 euros » pour un devis de rénovation énergétique à 40.000 euros. Soit 8,7 % de la valeur de la maison x 1,3 = 11,4 %. « Dans un cas plus simple, si nous finançons 30.000 pour un bien estimé à 300.000 euros, nous en détenons 13 % », simplifie l’entrepreneur qui ne voudrait surtout pas que ses éventuels clients aient peur des calculs. Pas plus que de cette indivision à venir.

« Ils gardent 100 % de l’usage de leur maison »

« Is gardent 100 % de l’usage de leur maison et nous ne percevons rien du tout. C’est comme pour le chantier : on peut conseiller des artisans mais on n’est pas maître d’œuvre du tout », poursuit le cofondateur installé à Bordeaux avec ses deux associés, Sébastien Prot et Mathieu Guerchoux. Soit un trio qui s’est connu « par amis interposés » et qui apporte chacun ses compétences. Les deux premiers grâce à leur expérience entrepreneuriale et le troisième avec son passé dans la finance.

Ce dernier aspect est important car la start-up a besoin de trouver de l’argent. Comment se paie-t-elle justement ? « Nous avons levé 1,5 million d’euros grâce à des investisseurs et nous facturons des frais de gestion », explique encore Hervé Degreve. Dans le cas de Pierre, c’est 3.000 euros.

« C’est assez vertueux comme système »

Mais Vasco compte aussi bien sûr sur ses « parts » de maisons pour se financer à long terme. Pour ça, deux possibilités : soit le propriétaire vend et la start-up récupère son pourcentage dû ; soit le propriétaire rachète la fameuse part cédée. « On signe pour dix ans et on a la possibilité, contre un pourcentage encore multiplié par 1,3 de s’engager encore pour une décennie », complète encore le cofondateur, sans vouloir parler d’éventuelle procédure en contentieux. Les statistiques lui donnent raison. En France, la durée moyenne de détention d’une bien immobilier oscille entre huit et dix ans.

« C’est assez vertueux comme système », estime Pierre. « En théorie, ma maison va prendre de la valeur grâce aux travaux et en plus, je vais faire des économies d’énergie. Le tout sans avoir de mensualités supplémentaires à rembourser. Je trouve leur schéma bien pensé », ajoute-t-il, sans mal prendre le fait que son bien ne lui appartienne pas totalement. « C’est le cas de nombreux Français, mais c’est la banque qui a une partie de leur bien ! »

Lancée au printemps 2023, la start-up a bouclé « cinq projets à environ 45.000 euros » et « une vingtaine est prête à être signée ». Elle est en voie de développement avec ses « trois premiers salariés qui arrivent en avril ». « Nous avons une utilité sociale et environnementale », conclut Hervé Degreve.

*Pour des questions de confidentialité, son prénom a été remplacé.