Russie : Piotr Tolstoï, un homophobe à la Douma qui préfère la guerre à la paix

C’est dans un français impeccable que Piotr Tolstoï s’en prend à Emmanuel Macron et Gabriel Attal. Dans un entretien accordé à BFMTV, diffusé jeudi, le vice-président de la Douma, la chambre basse du parlement russe, est revenu sur les déclarations du président français à propos de l’envoi de troupes en Ukraine, a qualifié le Premier ministre de « pervers » et estimé que les relations franco-russes se sont dégradées depuis que « les Français pensent avoir le droit de donner des leçons aux Russes ».

Personnage au franc-parler ouvertement homophobe, proche de Vladimir Poutine et défenseur de l’offensive russe en Ukraine, Piotr Tolstoï, 54 ans, ne s’encombre pas de pirouettes lyriques pour faire passer ses idées, loin de la plume soignée de son ancêtre, Léon Tolstoï, auteur de Guerre et paix.

Francophone mais pas francophile

C’est lui-même qui le raconte à BFMTV. Piotr Tolstoï a fait une partie de ses études en France et a même travaillé pour la presse française en tant que correspondant en Russie dans les années 1990.

Il apparaît de manière récurrente dans les médias français, notamment depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, prenant la défense de la position du Kremlin et justifiant l’agression de son voisin. C’est dans ce rôle qu’on l’entend déjà en juin 2023 interrogé sur la contre-offensive ukrainienne sur BFMTV, puis en septembre de la même année sur LCI.

Pourtant, il est loin des déclarations d’amour à la France. « Pourquoi je devrais vous aimer, vous en êtes à la 19.000e sanction économique contre mon pays », interroge-t-il ainsi, lui-même sous le coup de sanctions de l’Union européenne depuis février 2022. « Vous mentez sur la Russie chaque jour (…) On aime bien la France et les Français mais on ne peut pas accepter ça », argumente-t-il sans grande conviction.

Russophile et homophobe

Il faut dire qu’il épouse la direction politique de la Russie à la perfection rejetant le modèle occidental concernant les droits humains, comme ceux de la communauté LGBT+. « Les LGBT, ce ne sont pas de pauvres gays ou des lesbiennes contre qui, comme on nous dit, la Russie a décidé de se battre. C’est un projet bien organisé et planifié pour saper les sociétés traditionnelles de l’intérieur », avait ainsi assuré sur Telegram Piotr Tolstoï en novembre dernier, quand la Cour suprême russe a banni pour « extrémisme » le mouvement « international » LGBT+. « La sodomie est un péché », avait-il martelé, appelant à « détruire » entièrement le « monstre » LGBT+ et pas seulement ses « tentacules ».

C’est dans cette même ligne de pensée que l’homme politique russe s’en est pris à Gabriel Attal, premier ministre français « assumant son homosexualité ». « Est-ce qu’on peut vraiment, au XXIe siècle, penser que ce n’est pas décadent d’avoir des gens si spéciaux au gouvernement ? (…) La France est en partie gouvernée par les pervers », a ainsi attaqué Piotr Tolstoï.

Dans le ring politico-médiatique

Piotr Tolstoï est à la fois homme politique et journaliste. Il occupe le prestigieux poste de vice-président de la Douma depuis octobre 2016 et a été élu secrétaire de la branche régionale de Moscou du parti présidentiel Russie unie.

Il a également été le vice-président de l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe entre 2020 et 2022 et dirigé la délégation de l’assemblée fédérale de la Fédération de Russie dans cette même assemblée de 2017 à mars 2022. « Il est absolument inacceptable que des paroles totalement inacceptables soient prononcées dans cette enceinte à l’encontre des membres d’une délégation, de notre État et de notre Président, Vladimir Poutine », avait-il notamment déclaré dans sa dernière prise de parole au Conseil de l’Europe.

Avec un caractère aussi fort que son charisme, Piotr Tolstoï a donc choisi la lumière des projecteurs pour faire passer ses idées. Outre la politique, il s’est ainsi épanoui dans les médias, animateur de plusieurs émissions politiques. Ce qui explique sans doute pourquoi il est aussi à l’aise à diffuser ses idées dans les médias français.