rEPORTAGEPourquoi la droite a choisi François-Xavier Bellamy pour les européennes

Européennes 2024 : Pourquoi Les Républicains ont-ils de nouveau choisi François-Xavier Bellamy pour mener la bataille ?

rEPORTAGELa tête de liste de la droite pour les élections de juin lançait sa campagne lors d’un meeting à Paris
Francois-Xavier Bellamy en meeting à Aubervilliers le 23 mars, 2024.
Francois-Xavier Bellamy en meeting à Aubervilliers le 23 mars, 2024. -  Dimitar DILKOFF / AFP / AFP
Thibaut Le Gal

Thibaut Le Gal

L'essentiel

  • François-Xavier Bellamy a été choisi en janvier pour mener la campagne européenne de la droite.
  • L’eurodéputé LR tenait son premier grand meeting ce samedi aux Docks de Paris.
  • Ce choix est autant stratégique qu’une décision par défaut pour le parti d’Eric Ciotti.

Aux Docks de Paris,

Dans une ambiance survoltée, François-Xavier Bellamy a lancé la campagne de la droite pour les européennes. L’agrégé de philosophie, qui mènera la liste Les Républicains comme en 2019, tenait son premier grand meeting ce samedi aux Docks de Paris, à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis. « Merci cher François-Xavier d’avoir accepté de conduire cette bataille, c’est avec confiance que nous te suivons », a lancé à la tribune Eric Ciotti, le patron de la droite. Pourquoi avoir choisi de reconduire l’eurodéputé, malgré un résultat décevant cinq ans plus tôt ?

Un choix « logique » : celui du bilan

Les travées de la grande salle fourmillent de cadres LR quelques minutes avant le lancement du grand show. Sans surprise, les élus de droite saluent le profil de leur champion. « C’est un choix logique et naturel. Il est très apprécié des militants, et il a un excellent bilan au Parlement européen », assure Guilhem Carayon, le président des jeunes LR. Une vidéo projetée dans la salle insiste d’ailleurs dès le début de meeting sur l’action de la délégation LR à Strasbourg. « On a des parlementaires qui bossent sur le fond, qui ont obtenu des résultats importants sur la défense du nucléaire et de nos agriculteurs par exemple, quand Jordan Bardella brillait par son absentéisme », ajoute celui qui brigue une place éligible sur la liste.

Face au candidat RN, qui caracole en tête dans tous les sondages depuis des mois, la droite a choisi d’opposer l’expertise et le boulot mené par l’ancien prof de philo. « Lui connaît ses dossiers. J’attends beaucoup des débats qui vont arriver, il fera la différence. Il montrera l’incohérence des votes de Bardella ou de la majorité présidentielle au Parlement », abonde Daniel Fasquelle, maire du Touquet et trésorier du parti.

Un choix stratégique : contrer Reconquête

Au-delà du discours officiel, le choix de François-Xavier Bellamy répond aussi à un choix stratégique. Le profil « conservateur » du normalien n’est pas anodin alors que la droite sera – une fois encore – sous la menace d’Eric Zemmour dans cette campagne. « Bellamy est plus proche de nous que les gens de LR. Il sera au milieu d’une liste qui pense le contraire de lui », raillait en début d’année l’ancien candidat Reconquête. Sa liste, menée par Marion Maréchal, est à touche-touche avec LR dans les enquêtes d’opinion. Dans ce qui ressemble à un match à mort, les deux camps sont en concurrence pour séduire l’électorat de droite qui ne votera ni pour RN ni pour Renaissance.

« La droite plurielle doit se rassembler. Bellamy incarne plusieurs sensibilités, il est un peu au barycentre des droites même s’il a parfois été caricaturé », nuance Guilhem Carayon. Ce dernier n’oublie pas que le sujet de l’avortement avait fait dérailler sa campagne en 2019. Et que la question de la fin de vie, après l’inscription de l’IVG dans la Constitution, pourrait une fois encore focaliser les critiques. « Les macronistes tentent de nous marginaliser, mais ces questions sociétales ne sont pas du ressort du Parlement européen », balaie Daniel Fasquelle.

Un choix par défaut : pas vraiment de concurrent

Malgré toutes les qualités trouvées au candidat de 38 ans ce samedi, sa désignation ressemble aussi à une candidature par défaut. Car Eric Ciotti a attendu jusqu’à janvier pour faire ce « choix logique ». Une décision prise après avoir cherché pendant des mois une autre option pour mener la bataille. Mais Michel Barnier n’était pas plus intéressé que le patron de LR, un temps évoqué. « Il y avait plusieurs pistes, mais ce n’est pas un choix par défaut », écarte le député Pierre-Henri Dumont. « À partir du moment où les 2-3 chapeaux à plumes ne voulaient pas y aller, c’était la candidature évidente », ajoute-t-il.

Au micro ce samedi, François-Xavier Bellamy remercie donc le soutien de sa famille politique en citant l’écrivain Bernanos comme il en a l’habitude : « Tenez bon, tenez ferme, soyez fidèles ». En 2019, la « trouvaille » de Laurent Wauquiez n’avait obtenu que 8,48 % des voix. Un score historiquement bas, qui avait coûté le poste de chef de parti au patron de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Un score aujourd’hui espéré par le peuple de droite pour éviter sa propre fin de vie.

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