dérapages des comptesBercy demande de garder son « sang-froid » face à l’ampleur du déficit

Finances publiques : Bruno Le Maire demande de garder son « sang-froid » face à l’ampleur du déficit public

dérapages des comptesLe déficit des comptes publics de l’année 2023, dévoilé par l’Insee ce mardi, devrait largement dépasser les 5 % du PIB
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, à l’Assemblée nationale le 19 mars 2024.
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, à l’Assemblée nationale le 19 mars 2024. - Jacques Witt / SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

La France va savoir ce mardi à quel point ses chiffres économiques sont mauvais. L’Insee va en effet dévoiler l’ampleur du dérapage du déficit public en 2023, dont les estimations révélées la semaine dernière ont alimenté le débat sur la gestion budgétaire du gouvernement, qui appelle, lui, à « garder son sang-froid ».

Le déficit public français « sera au-dessus des 5 % » du PIB en 2023, a réaffirmé lundi Bruno Le Maire sur RMC. Le ministre de l’Economie avait précédemment prévenu que ce chiffre serait « significativement » plus élevé que les 4,9 % initialement prévus.

Une « gestion budgétaire calamiteuse »

Selon des révélations de presse, il atteindrait 5,6 % du PIB, chiffre corroboré lors d’une visite jeudi à Bercy du rapporteur général de la commission des Finances du Sénat Jean-François Husson, qui a fustigé la « gestion budgétaire calamiteuse » du gouvernement, « incapable de suivre la trajectoire budgétaire qu’il a lui-même fait adopter ».

Le chiffre de l’Insee est particulièrement attendu car chaque décimale compte pour les finances publiques. « Pour faire simple, chaque 0,1 point » de PIB de déficit supplémentaire en 2023 « représente environ 3 milliards » d’euros manquant dans les caisses de l’état, explique l’économiste Mathieu Plane. Un déficit à 5,6 % du PIB au lieu de 4,9 % serait donc alourdi de quelque 20 milliards d’euros, remettant en cause sa trajectoire de réduction.

Au troisième rang des pays les plus endettés de la zone euro, la France a promis à ses partenaires européens de revenir sous les 3 % de PIB de déficit en 2027. Cela équivaut à 50 milliards d’économies minimum, selon la Cour des comptes. Mais le retard accumulé en 2023 risque de peser en 2024 et les années suivantes. Dans les notes techniques de Bercy consultées par le Sénat, le gouvernement envisageait que, sans mesure corrective, le déficit public grimperait à 5,7 % en 2024 (contre une baisse à 4,4 % actuellement prévue) et à 5,9 % en 2025 (contre 3,7 %).

Ce n’est « pas un drame », juge Le Maire

« Gardons notre sang-froid ! », a martelé lundi Bruno Le Maire, pour qui un déficit plus haut qu’attendu n’est « pas un drame », même si « c’est sérieux ». « On a dépensé pour protéger », s’est-il défendu, en référence au « quoi qu’il en coûte » lors du Covid-19 et aux boucliers contre l’inflation : « on a dépensé ce qu’il fallait ».

Actuellement, l’objectif du gouvernement reste un déficit sous les 3 % de PIB en 2027, pour « rétablir les comptes publics sur le long terme », a en outre indiqué le ministre, qui ambitionne de le faire « avec de la fermeté, mais sans brutalité ».