armementEurenco rouvre à Bergerac une usine de poudre pour obus

Guerre en Ukraine : Eurenco rouvre à Bergerac une usine de poudre propulsive pour obus

armementDès 2025, 1.200 tonnes de poudre propulsive seront produites chaque année dans l’usine de Bergerac (Dordogne) du groupe français Eurenco
La production de poudre relancée à Bergerac servira essentiellement à l’artillerie de 155mm.
La production de poudre relancée à Bergerac servira essentiellement à l’artillerie de 155mm. - Arquus / 20 Minutes
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Sans poudre, pas d’obus. Pour remédier à un goulet d’étranglement qui ralentit la production européenne, le groupe français Eurenco rouvre à Bergerac (Dordogne) une usine de poudre propulsive pour obus afin de faire face à la pénurie liée au conflit en Ukraine, et satisfaire la volonté de reconstituer une filière souveraine en la matière.

Les travaux de terrassement de l’usine sont désormais terminés, et les bâtiments seront sortis de terre à la fin de l’année. Dès 2025, 1.200 tonnes de poudre propulsive y seront produites chaque année.

Moins dépendre des aléas à l’étranger

« Il aura fallu moins de deux ans pour mettre en place cette usine, d’habitude, on parle de 4 à 5 ans pour monter en capacité », explique le PDG du groupe public, Thierry Francou, à l’occasion d’une visite mardi du ministre des Armées Sébastien Lecornu. Héritier de la Société nationale des poudres et explosifs (SNPE), Eurenco, leader européen des explosifs, propulseurs et combustibles militaires, a investi 50 millions d’euros dans ce nouvel outil de production et bénéficié d’un soutien de 10 millions d’euros de la Direction générale de l’armement (DGA).

« C’est la vitrine de ce qu’il convient de faire (…) quand il y a une gestion de crise et qu’il faut être un peu imaginatif », se félicite pour sa part Sébastien Lecornu. La France, qui pousse les industriels de défense à produire plus et plus vite pour répondre à la nouvelle donne internationale, veut également renforcer sa souveraineté en créant des capacités de production nationale afin de moins dépendre des aléas à l’étranger.

Arrêt de la production en 2007

Eurenco fabriquait cette poudre propulsive depuis 1915 à Bergerac, seul site en France dédié à cette production. Mais en 2007, « pour de mauvaises raisons, des décisions ont été prises [par l’Etat actionnaire] de se séparer de quelques éléments de souveraineté et notamment la filière poudre », selon le ministre. En pleine période de baisse des budgets de défense partout en Europe, les commandes étaient trop peu importantes.

Les 1.200 tonnes de poudre produites chaque année à Bergerac permettront de remplir 500.000 charges modulaires, glissées dans le canon derrière l’obus pour le propulser. Cela correspond à « 95.000 coups complets », selon Eurenco.

Carnet de commandes rempli jusqu’en 2030

Un « coup complet » est constitué d’un obus, fabriqué en France par Nexter, et de charges modulaires propulsives produites par Eurenco. En fonction de la distance à atteindre – 40 kilomètres pour un canon Caesar –, il faut jusqu’à six charges modulaires par obus tiré. Le groupe assemble déjà à Bergerac ces charges modulaires constituées d’un boîtier et d’un allumeur en nitrocellulose, également produits sur le site, et de poudre, qui est actuellement importée du site d’Eurenco en Suède ou de fournisseurs en Allemagne et en Italie.

Son carnet de commandes est rempli jusqu’en 2030.