TROUMais où sont passés les milliards perdus du déficit ?

Déficit public : Mais où sont passés les 18 milliards perdus en route ?

TROULe déficit public de la France en 2023 s’établit finalement à 5,5 % du PIB contre 4,9 % prévus par le gouvernement
Bruno Le Maire tentant d'échapper au déficit public de la France. (illustration)
Bruno Le Maire tentant d'échapper au déficit public de la France. (illustration) - JOEL SAGET / AFP / AFP
Rachel Garrat-Valcarcel

R. G.-V. avec AFP

L'essentiel

  • Le déficit de la France en 2023 est plus important que prévu : 5,5 % du PIB contre 4,9 % prévus par les gouvernements.
  • C’est surtout la faute à des rentrées d’argent moins importantes pour l’Etat l’an dernier.
  • Les effets de l’inflation se font aussi sentir sur le versant dépenses.

Le gouvernement avait préparé les esprits depuis quelques jours : le déficit public pour 2023 est supérieur à celui prévu. Bien supérieur même puisqu’il est, d’après l’Insee, de 5,5 % du PIB, alors que la prévision du gouvernement était de 4,9 %. Une glissade des comptes publics qualifiée d'« importante », « pas totalement inédite mais très très rare », par le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, ce mardi matin sur France Inter. 0,6 % de plus de prévu, ça veut en gros dire 18 milliards de déficit de plus que prévu. Mais où sont donc passés ces milliards ? 20 Minutes vous explique les trois principaux problèmes.

La croissance légèrement surestimée

C’est le petit morceau des 18 milliards de « dérapages ». Chaque année, quand le gouvernement fait son projet de budget pour l’année prochaine, il le fait en se basant sur une prévision de croissance. Car, bien entendu, les rentrées fiscales ne sont pas les mêmes sur les entreprises font des affaires et si les Françaises et Français consomment que si ça n’est pas le cas.

En l’occurrence, dans son budget pour 2023, le gouvernement d’Élisabeth Borne, à l’époque, tablait que 1 % de croissance. Dans les faits, la croissance a été de 0,9 %. Le gouvernement ne s’est donc pas fondamentalement trompé, difficile de prévoir exactement ce que sera la croissance fin 2023 quand on est à l’été 2022. Néanmoins, ça fait forcément quelques rentrées fiscales en moins.

Attention ce sujet risque de revenir au sujet du budget pour l’année 2024. Le gouvernement a prévu une croissance de 1,4 % pour cette année alors que le consensus des spécialistes s’établit plutôt autour de 0,8 % : un peu plus qu’une paille. C’est en partie pour cela que, dès le mois de février, Bruno Le Maire a annoncé 10 milliards d’euros d’économie sur le budget en cours.

La reprise post-Covid a disparu

Ce n’est donc pas tant sur le niveau de croissance que le gouvernement fait fausse route, mais sur le niveau de ses rentrées fiscales. En 2023, la France est sortie de la période post-Covid. Souvenez-vous, après un recul largement inédit du PIB en temps de paix en 2020 au moment des deux premières vagues de Covid-19, l’économie a largement rebondi en 2021 et 2022. De ce fait, le rebond de croissance a été exceptionnel, et les rentrées fiscales encore plus.

« On n’a pas vu venir un phénomène qui était anticipé mais qui ne s’était pas produit, c’est qu’au bout d’un moment les recettes finiraient par se tasser par rapport aux revenus, a commenté Pierre Moscovici. Comme on avait eu de très bons résultats en 2021 et 2022, on s’est dit ça allait se prolonger en 2023. (…) On est revenu à la réalité. »

La réalité, c’est une quasi-stagnation des recettes fiscales en 2023 par rapport à 2022, d’après les chiffres publiés par l’Insee. +0,3 % par rapport à 2022, soit 2,8 milliards d’euros. Ça paraît gros, mais ce n’est rien du tout pour le budget de l’Etat : en 2022, l’Etat avait collecté 544 milliards d’euros. Cette année-là, les recettes fiscales avaient explosé de 7,9 % par rapport à 2021. C’est tout particulièrement le cas pour la TVA, qui représente entre 35 et 40 % des revenus de l’Etat : ses recettes ont augmenté de 2,8 % en 2023 contre 7,6 % en 2022.

L’inflation qui pèse encore

On l’a vu, ce « dérapage » est en grande partie le résultat de revenus moins importants que prévu. Mais il y a quand même aussi quelques dépenses plus importantes qu’anticipées. C’est en partie au moins l’effet de l’inflation. On est en est sûrs quand il s’agit de certaines aides qui ont été indexées ou revalorisé en raison de l’augmentation générale des prix. D’après l’Insee, le coût des prestations sociales versées a augmenté de 3,2 %, après une hausse de 1,2 % l’année précédente.

Les dépenses de fonctionnement de l’Etat ont aussi augmenté de 6 %, sans qu’on sache quelle part de cette hausse est effectivement liée au renchérissement des biens et services. Enfin, 2023 a été la première année pleine d’application de la hausse du point d’indice des fonctionnaires. On parle là de la revalorisation générale des fonctionnaires d’Etat, qui a eu lieu à l’été 2022 alors que ce point d’indice était bloqué depuis dix ans. Cela représente une hausse de 4,6 % en 2023, après déjà une hausse de 4,3 % en 2022.