LA FRANCE A PEURLes punaises géantes aperçues à Chypre peuvent-elles débarquer en France ?

Méditerranée : Les punaises géantes aperçues à Chypre peuvent-elles débarquer en France ?

LA FRANCE A PEURCes bestioles, qui en veulent à nos orteils, ont été repérées par des chercheurs, pour la première fois, sur l’Île d’Aphrodite. Et bientôt, chez nous ?
Les punaises d'eau géantes repérées à Chypre font partie de la famille des Giant water bug.
Les punaises d'eau géantes repérées à Chypre font partie de la famille des Giant water bug. - Evan Vucci/AP/SIPA / SIPA
Nicolas Bonzom

Nicolas Bonzom

L'essentiel

  • A Chypre, des chercheurs du Muséum national d’histoire naturelle Grigore-Antipa ont repéré des punaises d’eau géantes, dont la morsure serait, visiblement, particulièrement douloureuse.
  • Ces punaises géantes, qui ont migré d’Israël, du Liban et de Syrie, pourraient-elles débarquer en France ?
  • Plusieurs chercheurs, dont un auteur de l'étude, répondent à 20 Minutes. D’après eux, ces insectes pourraient voler jusqu’à nous. Mais pas de panique : elles vivent dans l’eau douce, et ne croqueront pas les orteils des nageurs, à Palavas-les-Flots.

Ce n’est pas Alien 3, mais presque. A Chypre, des chercheurs du Muséum national d’histoire naturelle Grigore-Antipa ont repéré d’immondes bestioles, dont la morsure serait particulièrement douloureuse. Ces Lethocerus patruelis, le nom de ces punaises d’eau réputées comme étant des « croqueuses d’orteils », n’avaient jamais été observées avant 2020 sur l’Île d’Aphrodite. Mais ces dernières années, les témoignages de personnes qui en ont croisé une pullulent, à Chypre.

Ces petits monstres aquatiques, terreurs des crustacés, des amphibiens, des tortues et même des oiseaux, ont migré d’Israël, du Liban et de Syrie, portés par le courant marin ou le vent. Car oui, ça vole, ces machins-là. Ou peut-être ont-ils été attirés par la faim, leurs proies se faisant plus rares dans les pays où ils sont les plus nombreux.

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Mais faut-il s’inquiéter de voir débarquer ces drôles d'insectes, un jour, en France ? Ces punaises géantes (7 à 12 centimètres, tout de même !) pourraient-elles venir nous taquiner les pieds des baigneurs dans le Var, les Bouches-du-Rhône, l’Hérault ou les Pyrénées-Orientales ?

Dans un an… ou dans des siècles

Oui, c’est possible, confie à 20 Minutes Céline Labrune, chercheuse à l’Observatoire océanologique de Banyuls-sur-Mer. « Ce sont des insectes volants, ils ont donc une faculté de dispersion importante, et pourraient donc arriver en France », indique cette scientifique. Abderrahman Khila, chercheur à l’Institut de génomique fonctionnelle de Lyon, qui mène des études sur les punaises aquatiques, confirme. Il n’est pas impossible que l’on croise, un jour, l’une de ces « Giant water bugs », le nom que leur donnent les Anglophones, sur nos côtes.

« Mais cela peut être sur des laps de temps très, très longs », confie ce chercheur. Si cette punaise vole jusqu’à nous, « est-ce que ce sera dans un an, dans 200 ans… C’est très difficile à dire. Il faut étudier sa capacité de dispersion. Est-ce qu’elle peut se disperser sur de grandes distances en volant, tout simplement, ou est-ce que cela peut passer par des activités humaines, à travers des embarcations… »

A 20 Minutes, Iakovos Tziortzis, l'un des auteurs de l'étude, ajoute que ces drôles de bestioles « font des efforts pour migrer de leur habitat d'origine vers les pays voisins. L'espèce est connue pour être originaire d'Asie de l'Est et compte désormais des populations dans des pays voisins tels que l'Égypte, Israël, la Syrie et la Turquie. Ces dernières années, de plus en plus de signalements proviennent de pays climatiques tels que la Grèce, les Balkans et plus à l'ouest de l'Italie. »

Les pieds des touristes seront préservés

Cependant, pas de quoi déserter le littoral cet été, rassurent les chercheurs. Ces bébêtes marines ne sont pas du genre à barboter dans la Méditerranée. « Ce sont des insectes d’eau douce, qui ne mordront pas les pieds des touristes des plages méditerranéennes ! », sourit Céline Labrune. Ces punaises peu ragoûtantes sont, en effet, plutôt clientes des eaux calmes, en particulier des étangs.

Il peut arriver, toutefois, qu’elles passent une tête au bord de la mer. Des nageurs en ont pris quelques-unes en photo, ces derniers mois, à Chypre. Les auteurs de l’étude du Muséum national d’histoire naturelle Grigore-Antipa indiquent aussi que l’un d’entre elles a été retrouvée alors qu’elle s’était posée au sixième étage, sur le balcon d’un hôtel surplombant la Méditerranée. Dans le même établissement, un autre spécimen avait été vu sur la pelouse, près d’une piscine.

La punaise aquatrique « peut mordre une personne si elle se sent menacée ou en danger »

Mais dans l’eau salée, aucune crainte à avoir : il y a peu de chances que ces espèces survivent, assure Abderrahman Khila. « Surtout pour une espèce aussi grosse que celle-là, ce serait très compliqué pour elle », confie-t-il. Par ailleurs, dans les zones humides où elle vit, « il y a toujours des échassiers qui s'en nourrissent, de sorte que sa population devrait rester sous contrôle par des moyens naturels. Ce n'est pas une espèce envahissante qui se propage rapidement dans de nouveaux habitats », explique Iakovos Tziortzis. Ouf ! On pourra donc faire la grenouille à Palavas-les-Flots cet été, sans craindre d’être croqué.

Heureusement. Car sa morsure est particulièrement violente. Cette punaise d'eau « peut mordre une personne si elle se sent menacée ou en danger, complète l'auteur de l'étude. Sa morsure est douloureuse car elle possède une enzyme qu'elle injecte à sa proie pour digérer ses tissus et s'en nourrir, et c'est la raison pour laquelle elle provoque une telle douleur chez l'homme, qui peut durer quelques heures. »

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