MèMESPourquoi Natasha St-Pier est-elle traitée de « Karen » depuis le clash ?

« DALS » : Pourquoi Natasha St-Pier est-elle traitée de « Karen » après son clash avec Inès Reg ?

MèMESDe nombreux internautes se sont mis à appeler Natasha St-Pier « Karen » pour dénoncer son comportement dans l’embrouille avec Inès Reg
Natasha St-Pier en décembre 2023.
Natasha St-Pier en décembre 2023.  - SADAKA EDMOND/SIPA / SIPA
L. Be.

L. Be.

L'essentiel

  • La dispute entre Inès Reg et Natasha St-Pier dans « Danse avec les stars » a pris de l’ampleur en ligne.
  • Les deux artistes ont donné leur version des faits sur Instagram. Inès Reg accuse Natasha St-Pier de racisme. Selon la version de l’humoriste, la Canadienne l’a insultée et a décidé ensuite de déposer une main courante contre elle.
  • De nombreux internautes ont commencé à utiliser le prénom « Karen » pour désigner Natasha St-Pier.

«Natasha St-Pier, c’est tellement une Karen », peut-on lire sur X. « Elle a insulté [Inès Reg] et maintenant, elle nous fait une Karen et va porter plainte », tweete un autre internaute. « Natasha St-Pier c’est la définition d’une Karen : elle s’en prend à Inès et après elle fait la victime », abonde un troisième twittos. Des dizaines de posts de ce genre sont apparus pour qualifier le comportement de la chanteuse canadienne depuis l’embrouille qui l’oppose à Inès Reg. Les deux femmes participent à « Danse avec les stars » sur TF1. Qu’est-ce qu’une « Karen » et pourquoi les internautes associent-ils ce prénom à Natasha St-Pier ?

« Ces dernières années, Karen est devenu un mème très répandu pour parler d’un type de femme blanche de la classe moyenne qui présente des comportements associés à ses privilèges », explique un article de la BBC. « Généralement, la Karen définit une femme blanche qui se plaint pour des motifs commerciaux injustifiés. Elle surréagit à un mécontentement lié à une transaction commerciale ou, dans la rue, elle menace une personne de couleur d’appeler la police », détaille Tristan Mendès France, maître de conférences associé à l’université Paris-Diderot, spécialiste des cultures numériques et de l’extrémisme en ligne.

En général, elle est filmée. « Assez systématiquement, les internautes qualifient ce type de profils, des femmes blanches, plutôt quadragénaires, de Karen. C’est devenu un terme générique pour disqualifier certaines attitudes », poursuit-il. Elle pourrait être l’une des héroïnes de Desperate Housewives. C’est la control freak antipathique de la banlieue pavillonnaire américaine. Mécontente dans un magasin ou au restaurant, elle insiste pour « parler au manager », et en profite pour rabaisser son interlocuteur, un vendeur ou un serveur (pour suivre ces deux exemples).

Un tweet du compte Karens Gone Wild [les Karens sont devenues folles], suivi par plus de 37.000 abonnés sur X, synthétisait en 2020 les principaux comportements de la Karen. « 1. Créer des problèmes ; 2. Demander à parler au manager ; 3. Se positionner en victime et 4. Appeler la police ». Elle enchaîne les impairs et les « micro-agressions racistes, comme de toucher les cheveux d’une personne noire », pointe l’article de la BBC.

Quel rapport avec Natasha St-Pier ? Revenons sur sa dispute avec Inès Reg pour comprendre ces attaques en ligne. La chanteuse qui participe à « Danse avec les stars » sur TF1 s’est embrouillée avec l’humoriste la première semaine des répétitions, a révélé un article du Parisien publié la semaine dernière. Selon la version d’Inès Reg, Natasha St-Pier l’aurait insultée gratuitement de « petite salope » alors qu’elle demandait à la chanteuse de baisser la musique pour enregistrer une interview avec son cadreur et son journaliste. La Canadienne l’aurait ensuite raccompagnée sèchement jusqu’à la porte.

Un style capillaire bien identifié

Selon la version de Natasha St-Pier, cette insulte était formulée sur le ton de la blague en référence à une joute de Valérie Trierweiler contre Inès Reg dans « Pékin Express : Duos de choc » en 2022. Et devant la réaction de l’humoriste qui aurait proféré des menaces et des insultes, Natasha St-Pier et son danseur Anthony Colette auraient pris peur et auraient décidé de déposer une main courante. Inès Reg dénonce le racisme de sa concurrente de « DALS ». « Je suis l’arabe du 93 de cette histoire » a-t-elle observé, dans sa story Instagram, dévastée par les « mensonges » et les attaques dont elle a fait l’objet après l’article du Parisien.

Si Inès Reg a été insultée, pourquoi Natasha St-Pier et Anthony Colette ont-ils déposé une main courante ? L’inversion des rôles est pointée du doigt par les internautes qui reprochent à Natasha St-Pier « de faire la victime » alors qu’elle a insulté sa rivale.

Dans l’imaginaire 2.0, ce stéréotype féminin arbore un style capillaire bien identifié : une coupe courte, souvent peroxydée, des mèches longues pour encadrer le visage et les cheveux ébouriffés à l’arrière. La coupe de la Karen est souvent associée à celle que portait Kate Gosselin, personnalité de la télévision américaine, en 2010, ou même à celle de Victoria Beckham, époque Spice Girls, en version blonde. Finalement, pas si éloignée de l’actuelle coupe de Natasha St-Pier.

La « Karen de Central Park »

S’il est difficile de mettre la main sur l’origine de ce mème, la Karen a pris une dimension politique le 25 mai 2020. Quelques heures avant la mort de George Floyd à Minneapolis, qui a fait naître le mouvement Black Lives Matter, Christian Cooper, un ornithologue noir se promène dans une partie protégée de Central Park, à New York, où les chiens doivent être tenus en laisse. Il croise Amy Cooper (aucun lien) qui a lâché son animal et lui demande de l’attacher. Hystérique, elle appelle la police et hurle qu’un « Afro-Américain [la] menace, [elle] et [son] chien ». Elle supplie d'« envoyer des policiers immédiatement ». L’échange a été filmé et publié sur les réseaux sociaux. Amy Cooper a été rebaptisée la « Karen de Central Park » (Central Park Karen). Dans le sillage de Black Lives Matter, les Karens, comme Amy Cooper, ont donné un visage à la question plus large du racisme systémique, rappelle la BBC.

Dans le cas de Natasha St-Pier, seule la vidéo permettrait de lever le mystère sur cet incident et, peut-être, de mettre un terme aux attaques dont sont victimes les protagonistes de cette histoire. Le phénomène de polarisation n’arrange rien à la guerre en ligne. « Ce genre de polémiques est accentué par l’écosystème des réseaux sociaux qui confronte des communautés hermétiquement séparées. Chacune défend son héros et cela se traduit par un affrontement de communautés », analyse Tristan Mendès France. Contacté par 20 Minutes, TF1 n’a pas répondu à nos sollicitations.

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