MultiversPourquoi le Morning de Difool est prise d’assaut par la propagande russe ?

X : Pourquoi le Morning de Difool est prise d’assaut par la propagande russe ?

MultiversCe lundi, plusieurs publications accusent l’Ukraine d’être à l’origine de l’attentat de Moscou de vendredi soir. Elles ont un autre point commun : l’usage du hashtag « Morning de Difool ». Mais pourquoi le choix de ce mot dièse ?
Les robots russes s'invitent dans l'émission de Difool.
Les robots russes s'invitent dans l'émission de Difool. - JackyLeung  / Getty Images/Canva
Lina Fourneau

Lina Fourneau

L'essentiel

  • Des comptes de propagande russe ont utilisé le hashtag tendance « Morning de Difool » pour diffuser de fausses informations accusant l’Ukraine d’avoir commandité l’attentat de Moscou, en ciblant des hashtags populaires pour gagner en visibilité.
  • Cette « prédation de hashtag » par des bots ou des humains vise à contaminer des sujets tendance.
  • Mais cela peut devenir contre-productif si trop de hashtags sont ajoutés.

L’impression d’être de retour dans les années 2000 ce lundi matin. Sur le réseau social X, le Morning de Difool caracole en tête des tendances, pas loin des hashtags liés à la dernière polémique survenue dans l’émission Danse avec les stars entre Inès Reg et Natasha Saint-Pier. Pourtant, rien d’anormal ne s’est passé ce matin-là à l’antenne de Skyrock. Aucune polémique, aucun mot de trop. Le nom de Difool a surtout été récupéré en ligne par la propagande russe après l’attentat de Moscou vendredi soir.

Sur un fond rouge, plusieurs publications relayées par différents comptes exposent le même message : L’Ukraine a commandité l’attentat en « manipulant l’Etat Islamique ». Volodymyr Zelensky, lui, est décrit comme un « terroriste sous cocaïne ». Et chaque publication suit le même mode opératoire de ne laisser aucun message hors de l’image publiée. Seul un hashtag bien senti. Ici « Morning de Difool », mais aussi « Inès Reg » ou « Urgence Attentat ». Pour Tristan Mendès France, maître de conférences à l’Université Paris Cité et spécialiste de la désinformation, le choix n’est pas anodin. « J’appelle ça "la prédation de hashtag". Les comptes vont essayer systématiquement d’utiliser des hashtags tendance pour essayer de contaminer ou de diffuser plus largement un contenu de propagande ».

Une pratique « opportuniste »

Si ce phénomène est très courant, tous les comptes ne cachent pas le même profil. Il y a tout d’abord les bots, « des comptes automatisés qui vont systématiquement utiliser tous les hashtags tendance pour pousser le contenu que ce soit marketing, commerciaux ou de propagande idéologique », résume Tristan Mendès France. Une pratique « prédatrice » et « opportuniste » pour gagner en visibilité. Mais d’autres profils, cette fois contrôlés par de vrais humains, vont plutôt décider de pousser une propagande par l’usage d’un hashtag inédit. Par exemple autour d’une fake news sur Zelensky.

Pourtant, la logique du hashtag peut parfois devenir contre-productive. « Sur X, le dispositif actuel fait que si on ajoute trop de hashtags, on est déprécié en terme algorithmique. Un ou deux suffisent ». Difficile d’imaginer un autre compte ici que celui de Francis Lalanne, chanteur s’auto-décrivant comme « lanceur d’alerte » antivax. Sur son compte X, chaque publication est noyée sous une quarantaine de hashtags divers et variés, tous liés à l’actualité. Ici, Kate Middleton et Brigitte Macron. Là, Pékin Express ou Koh Lanta. Une technique peu recommandée et qui n’apporterait rien de bien bénéfique.

Le phénomène reste surtout visible sur X. Sur les autres plateformes, les hashtags utilisés sont parfois opportunistes, mais aucune propagande russe n’est pour le moment remarquée quand on recherche « #Morningdedifool » sur Instagram ou TikTok. Contactée sur la question de la modération, la rédaction de Skyrock n’a pas encore répondu à nos sollicitations.