ArnaqueDes épargnants piégés par de fausses interviews d’Élise Lucet

« J’ai perdu 90.000 euros »… Des épargnants piégés par de fausses interviews d’Élise Lucet ou de Jamel Debbouze

ArnaqueLes images de plusieurs personnalités ont été détournées pour faire la promotion de « placements boursiers » sur les réseaux sociaux
La journaliste Elise Lucet.
La journaliste Elise Lucet.  - Francois Mori/AP/SIPA / SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Entre deux conseils de placements boursiers, Rachel devise avec Marie (prénom d’emprunt), l’affuble de petits surnoms. Une « confiance absolue » règne alors entre cette prétendue tradeuse et la quinquagénaire des Hauts-de-Seine, qui a investi plus de 90.000 euros. Jusqu’au jour où Marie a tout perdu.

Tout a commencé en mars 2023. Alors qu’elle trompe l’ennui sur Facebook, Marie tombe sur une publicité. Une célébrité, « Bernard Arnault, Elon Musk ou Léa Salamé, je ne sais plus », y vante une plateforme de trading permettant de « gagner énormément d’argent ». Plus récemment, d’autres personnalités, comme Jamel Debbouze, Francis Cabrel et Élise Lucet, ont été utilisées dans des interviews fictives relayées sur les réseaux sociaux.

En deux clics, Marie complète un formulaire sommaire et, dès le lendemain, « Rachel Pinto », patronyme imaginaire, l’appelle d’un numéro basé au Luxembourg. Elle se présente comme une conseillère en placement pour Nixse, plateforme de trading créée en 2020 et installée à Taïwan. Marie se laisse convaincre et verse une première mise de 800 euros.

Des économies parties en fumée

Après de « petits trades » sur l’or, le pétrole, ne rapportant que quelques dizaines d’euros, Marie s’impatiente. Au bout d’une semaine, Rachel lui propose « un coup fabuleux », entre 4.000 et 5.000 euros, mais il faut mettre « 20.000 ». Devant la réticence de Marie, la conseillère lui avance l’argent et, quelques heures plus tard, « boum, 4.600 euros tombent sur mon compte de trading », auquel elle n’a pas accès.

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Grisée, la quinquagénaire, qui a déjà boursicoté, commence à trader seule. Sur Nixse, ses courbes – fictives – grimpent : « Alors on prend la confiance et on réinjecte, on vire son livret A qui ne rapporte rien, on vire tout. » Elle cumule jusqu’à 500.000 euros sur ses différents comptes. Un jour de septembre, elle veut récupérer son capital, plus de 90.000 euros. Mais elle « n’a jamais revu la couleur de l’argent ». Elle tente depuis de récupérer une partie des pertes via la saisine du médiateur bancaire.

Le cabinet de son avocat, spécialisé dans ces affaires, a reçu « 600 dossiers » depuis 2023, avec un préjudice moyen approchant les 120.000 euros. « Il y a tous les profils, du smicard à l’homme d’affaires », explique Me Jocelyn Ziegler. La plus grosse perte, au détriment d’une cheffe d’entreprise, culmine à 6 millions d’euros.

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