SUMOLégendaire sumo d’origine hawaïenne, Akebono est mort à 54 ans

Akebono, légendaire sumo d’origine hawaïenne, est mort à 54 ans

SUMOPremier non-Japonais à atteindre le rang suprême de yokozuna, et admiré par Jacques Chirac, Akebono vient de décéder
En octobre 1995, Akebono avait reçu à Bercy une coupe des mains du président de la République française Jacques Chirac.
En octobre 1995, Akebono avait reçu à Bercy une coupe des mains du président de la République française Jacques Chirac. - NEBINGER/SIPA / SIPA
Jérémy Laugier

J.Lau. avec AFP

Grand fan de sumo, Jacques Chirac l’avait rendu célèbre en France, notamment en lui remettant en juillet 2000 la première « Coupe Jacques Chirac ». L’ancien grand champion de sumo d’origine hawaïenne Akebono, rentré dans l’histoire en devenant dans les années 1990 le premier non-Japonais à atteindre le rang suprême de yokozuna, est mort à l’âge de 54 ans, comme le rapportent des médias japonais ce jeudi.

Ce colosse de 2,03 m, dont la féroce rivalité avec les champions japonais Takanohana et Wakanohana faisait les gros titres de la presse sportive et régalait le public, était l’un des représentants de la vague de lutteurs hawaïens qui ont marqué le sumo jusqu’au début des années 2000.

« Un pont entre les Etats-Unis et le Japon »

Il est décédé début avril des suites d’une insuffisance cardiaque, selon l’agence de presse Kyodo. « J’ai été profondément attristé d’apprendre le décès d’Akebono, un géant du monde du sumo, un fier Hawaïen et un pont entre les Etats-Unis et le Japon », a réagi sur X l’ambassadeur américain au Japon, Rahm Emanuel. « Tout au long des 35 années qu’il a passées au Japon, Akebono a renforcé les liens culturels entre les Etats-Unis et sa patrie d’adoption en nous unissant tous par le sport », a-t-il ajouté.

Né à Hawaï (Etats-Unis) en 1969, Chadwick Haheo Rowan y est repéré par un autre pionnier hawaïen du sumo : Takamiyama, premier non-Japonais à avoir remporté un tournoi de sumo en 1972, qui devient son maître dans ce sport. Akebono fait ses premiers pas au Japon en 1988 sur le dohyo, le podium d’argile où ont lieu les combats, en même temps que les deux frères Takanohana et Wakanohana, issus d’une longue lignée de sumotoris.

« Il a marqué l’histoire »

Gravissant les échelons du classement, aidé par son gabarit – il pèsera 233 kg au sommet de sa carrière – et les puissantes poussées de ses longs bras, Akebono devient en 1993 le 64e yokozuna de l’histoire du sumo, et le premier d’origine étrangère. Après lui, six autres yokozunas étrangers (un Américain et cinq Mongols) ont été promus à ce jour, et seulement trois Japonais. « Il a marqué l’histoire », juge la journaliste spécialiste du sumo Shoko Sato, qui le connaissait depuis plus d’une trentaine d’années.

Mais avec cet honneur, une lourde responsabilité pèse sur les épaules de celui qui n’a alors que 23 ans. « En tant que lutteur étranger, il était souvent considéré comme le méchant » face aux deux frères, héros d’une nation, explique-t-elle. « Je pense qu’il se disait qu’il devait faire les choses extrêmement sérieusement, et être en quelque sorte plus japonais qu’un Japonais, c’était une pression énorme », dit Shoko Sato.

Akebono remportera onze tournois au total, et sera choisi pour participer à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’hiver de Nagano en 1998. « Il a réalisé devant le monde entier un rituel d’entrée sur le dohyo magnifique », a commenté sur X le compte officiel en japonais du Comité international olympique (CIO), qui a posté la vidéo de cet instant solennel. « C’est avec tristesse que nous avons appris son décès. »

Des vêtements de taille 10 XL

Akebono est donc aussi devenu le premier à recevoir en 2000 la « Coupe Jacques Chirac », surnom du trophée remis à partir de cette date aux vainqueurs des tournois au nom de l’amitié franco-japonaise, et de la passion de l’ancien président français pour le sumo et le Japon en général. Après sa retraite sportive en 2001, Akebono bifurque rapidement vers les arts martiaux, plus lucratifs, notamment le kickboxing et le catch.

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Il a raconté avec humour dans son autobiographie parue en 2012 les coulisses du monde du sumo, confiant par exemple avoir porté au sommet de sa « forme » des vêtements de taille 10 XL, qui devaient être faits sur mesure. Il y détaille aussi le succès des sumotoris auprès de la gent féminine, « à cause du décalage entre leur allure effrayante et leur gentillesse », et sa surprise en découvrant son avis d’imposition après s’être vu remettre moult voitures et montres lors de ses victoires en tournois.

Hospitalisé pour une maladie cardiaque en 2017, il en gardait de graves séquelles motrices, souffrant aussi de pertes de mémoire. « Un compagnon avec qui j’ai partagé beaucoup d’épreuves et de joies nous a quittés », a écrit sur son blog son ancien rival Wakanohana. « Notre affection mutuelle est d’autant plus profonde que nous avons travaillé dur et lutté en tant que rivaux, a-t-il ajouté. J’ai tellement envie de te revoir. Attends-moi un peu. »

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