a la pompeAllez-vous payer plus cher votre essence à cause des vacances des Américains ?

Prix du carburant : Allez-vous payer votre plein d'essence plus cher à cause des vacances des Américains ?

a la pompeLe départ massif des Américains en vacances – et en voiture –, la fameuse « driving season », va-t-elle déclencher une hausse des prix à la pompe ?
Illustration d'une personne en train de prendre de l'essence.
Illustration d'une personne en train de prendre de l'essence. - A. Gelebart  / 20 Minutes / Sipa
Jean-Loup Delmas

Jean-Loup Delmas

L'essentiel

  • Tout comme le Parisien moyen se jette sur les terrasses à l’arrivée des beaux jours, l’Américain lambda monte dans son pick-up et parcourt les routes de son pays pour les vacances (oui, on aime les clichés)
  • Une « driving season » soupçonnée de provoquer une montée des prix à la pompe.
  • Simple rumeur ou vrai problème pour votre prochain plein ?

L’effet papillon, vous connaissez ? Le battement d’ailes de cet insecte au Brésil pourrait, par de multiples conséquences, provoquer un typhon à Kyoto. De manière moins poétique, le départ des Américains en vacances pendant les beaux jours pourrait booster les prix à la pompe, même chez nous. C’est la théorie défendue par Olivier Gantois, président de l’Union française des industries pétrolières (Ufip), dans Le Parisien. Il explique notamment la hausse actuelle des prix en France par une anticipation sur les marchés de la « driving season ». Comptez 1,9 euro le litre de SP95, contre 1,77 en janvier. Et 1,79 le sans-plomb, contre 1,73 euro.

Sylvain Bersinger, économiste au cabinet Astérès, décrypte : « Pendant l’été, les Américains voyagent beaucoup dans leur propre pays, en se déplaçant en voiture. » Vous avez forcément l’image du 4x4 rutilant made in USA… et effectivement, la « grande migration » américaine se fait principalement dans des véhicules avec une grosse consommation au kilomètre.

« C’est anecdotique »

Mais rassurez-vous, imaginer que cela va faire grimper le litre d’1 euro supplémentaire dans votre station essence de l’autre côté de l’Atlantique tient plus du fantasme médiatique. « Cela arrive chaque année sans susciter d’effet majeur sur les prix. L’été, on ne voit pas nécessairement de pic du prix du pétrole, preuve que ça n’a pas une influence si conséquente. Les déplacements américains peuvent peut-être entraîner une hausse de 50 centimes du baril, mais c’est anecdotique », poursuit l’économiste. Avant de conclure : « Je ne le prends pas en compte dans mes prévisions ».

Et s’il y a bien une année où le phénomène risque d’être particulièrement anecdotique, c’est bien en 2024. Bernard Keppenne, chef économiste chez CBC Banque, pointe au moins trois phénomènes beaucoup plus importants, qui risquent de totalement masquer la « driving season ».

Des problèmes beaucoup plus importants ailleurs

Premier élément, l’OPEP + a décidé de réduire sa production de 2,2 millions de barils par jour depuis novembre 2023, un quota qu’elle a prolongé au moins jusqu’à juin. Deuxièmement, « l’économie américaine est beaucoup plus robuste que prévu », poursuit le chef économiste. Or, des Etats-Unis qui vont bien, ce sont des Américains qui consomment plus, et notamment plus de pétrole. « Si les prévisions économiques estimaient que cette année, l’offre de pétrole serait supérieure à la demande, ces deux effets combinés devraient donner une demande supérieure à l’offre ». Et quand la demande est supérieure, les prix augmentent.

Enfin, dernier point que vous avez sans doute deviner, les tensions au Moyen-Orient, qui font craindre une déstabilisation des prix. Sylvain Bersinger ajoute la crise du trafic maritime en Mer Rouge, la guerre en Ukraine et la conjoncture négative mondiale. Bref, suffisamment de facteurs pour ne pas maudire l’Américain qui va faire l’aller-retour New York-Kansas au moment de payer bonbon votre prochain plein.

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