santé« Il m’a attrapé les fesses »… Les témoignages #Metoo à l’hôpital affluent

#Metoo Hôpital : « Il m’a attrapé les fesses »… Les témoignages affluent sur les réseaux sociaux

santéLa parole se libère dans le monde hospitalier où perdure, selon des professionnels, un climat favorable aux violences sexistes et sexuelles
Les récits se multiplient sur les réseaux sociaux sous le hashtag #Metoohopital.
Les récits se multiplient sur les réseaux sociaux sous le hashtag #Metoohopital.  - SYSPEO / SIPA
Hakima Bounemoura

H. B.

Après les accusations d’une infectiologue sur les agissements d’un urgentiste « prédateur » sexuel, la parole se libère dans le monde hospitalier où perdure, selon des professionnels, un climat favorable aux violences sexistes et sexuelles ainsi qu’une tradition d’omerta.

Les récits se multiplient sur les réseaux sociaux sous le hashtag #Metoohopital. Elles sont infirmières, aides-soignantes, médecins ou encore membres du personnel administratif de l’hôpital, et n’hésitent plus aujourd’hui à raconter les agressions dont elles ont été victimes.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

« Pelotage de seins, baisers forcés dans des ascenseurs… »

Parmi les témoignages, des remarques salaces, par exemple : « Tu t’es changée pour la salle d’opération, j’aurais préféré que tu viennes nue » ou des comportements déplacés comme « des mains sur la cuisse », « des massages » ou encore « des baisers » non désirés…

« J’ai été interne puis externe dans les années 90. J’ai vécu mon lot de gestes déplacés et d’agressions (pelotage de seins, baisers forcés dans des ascenseurs), mais ce qui m’a le plus pesé était le climat permanent de micro-agressions en toute impunité », explique Doc Intubator sur la plateforme X (anciennement Twitter).

« Il m’a suivi jusqu’au vestiaire et a essayé de m’embrasser »

Plusieurs femmes ont également tenu à livrer leurs témoignages auprès de l’AFP. « Ce jour-là, j’étais en poste en maternité », se souvient Sara*, 34 ans, infirmière. En 2017, la jeune femme de 27 ans était infirmière vacataire dans un hôpital de Seine-Saint-Denis. « J’avais besoin d’un médecin et je suis allée trouver l’interne. Je l’avais déjà vu et il semblait assez aimable ». Mais sur le trajet, entre deux portes battantes, « il m’a attrapé les fesses ». « Il m’a dit quelque chose du style ''à la queuleuleu'' pour faire passer ça pour un jeu. J’étais sidérée, je suis restée figée, je n’ai rien pu faire », se souvient l’infirmière.

« Pour ma première fois au bloc opératoire, j’ai demandé où je devais me mettre et l’anesthésiste m’a indiqué un endroit », raconte de son côté Sandrine*, aide-soignante, qui travaillait dans un établissement en Normandie. « Il m’a ''frottée'' pendant toute une partie de l’opération. J’avais à peine 30 ans, j’étais tétanisée ».

Quelques années plus tard, elle est dans le service ORL. « Le chirurgien était connu pour avoir des aventures avec des élèves infirmières, il racontait tout dans les détails. Un dimanche matin, alors que c’était calme, il m’a demandé d’aller lui chercher une blouse. Il m’a suivi jusqu’au vestiaire et a essayé de m’embrasser. J’ai balancé le portant à blouses sur lui et je me suis enfuie », raconte également Sandrine.

« Il a réussi à me coincer contre le mur et m’a pris par le cou »

Julia* décrit aussi ce qu’elle a vécu, alors qu’elle était interne. « On était en train de faire une visite médicale. D’un coup le médecin se met à gesticuler, à se frotter contre mon torse et ça a un peu débraillé ma blouse », explique la jeune femme. Elle ne laisse rien paraître face au quarantenaire, qui prétexte une blague vue à la télévision. Il finit par s’excuser, sous la pression de ses collègues femmes. Aujourd’hui, elle se dit très surprise de ce geste de la part d’un médecin plutôt « bienveillant » malgré « son esprit carabin » et « ses blagues salaces ».

Elisa*, standardiste, témoigne également des faits dont elle a été victime, il y a dix ans. « Je travaillais la nuit dans un local un peu éloigné du bâtiment principal de l’hôpital. Un médecin anesthésiste est passé me voir et m’a proposé plusieurs choses à manger. Il était alcoolisé et j’ai refusé ». Le médecin, de garde, retourne à son poste avant de revenir à la charge. « Il a réussi à me coincer contre le mur et m’a pris par le cou pour m’embrasser de force. J’ai reculé, mais il est venu sur moi et il a continué : je ne voyais pas d’issue, je paniquais ». Elle a finalement été sauvée par le déclenchement d’une alarme. Quelques jours plus tard, incapable de dormir, en arrêt maladie, elle prend trop de somnifères et finit aux urgences.

*Les prénoms ont été changés à la demande des femmes qui témoignent.