HOMMAGEA Romans-sur-Isère, hommage à Zakaria, « petit frère de tous », tué à 15 ans

« Comment je pourrais encore rire ? »… Romans-sur-Isère pleure Zakaria, tué à 15 ans dans une expédition punitive

HOMMAGEVendredi, des centaines de personnes ont participé à la marche blanche pour Zakaria, 15 ans, tué le 9 avril dernier
A Romans-sur-Isère, hommage à Zakaria, « petit frère de tous », tué à 15 ans
Elise Martin

Elise Martin

L'essentiel

  • Ce vendredi, 400 à 500 personnes ont participé à la marche blanche organisée au quartier de La Monnaie à Romans-sur-Isère en hommage à Zakaria, un adolescent de 15 ans, tué lors d’une « expédition punitive » orchestré par un père de famille.
  • Toutes les personnes le connaissaient comme quelqu’un de « gentil », « discret » et « sans problème ». Il avait commencé un apprentissage et « voulait s’en sortir ».
  • Encore sous le choc, ses meilleurs amis, qui le considèrent comme « un frère », sont tristes mais aussi énervés de ne pas voir autant d’importance donnée à la mort de leur ami qu'à celle d’autres jeunes qui ont été tués.

«C’était notre copain de tous les jours, c’était normal, c’était évident qu’on serait là aujourd’hui », lance Achour, 15 ans, encore ému. Il était l’un des meilleurs amis de Zakaria, 15 ans, tué d’un coup de couteau dans le dos le 9 avril dernier lors d’une « expédition punitive » orchestrée par un père de famille dans ce quartier de Romans-sur-Isère.

Ce vendredi soir, à 18h30, des centaines de personnes, beaucoup de familles et de personnes de ce quartier ont tenu à rendre hommage à cet « enfant », décrit unanimement comme « discret », « gentil », et « sans problème ». La marche blanche qui s’est déroulée au sein de La Monnaie, là où il a grandi, s’est finie là où il a été poignardé il y a une dizaine de jours entre discours et minute de silence.

« Zakaria, nous sommes tous là, à Chopin, où ta vie s’est arrêtée, lance Philippe Galant, médiateur du quartier depuis trente ans. Ton visage et ton sourire, personne ne les oubliera jamais. » « Le petit Zakaria, c’était notre petit frère à tous », complète Driss, son maître d’apprentissage, avant de s’effondrer. « C’était un jeune qui essayait de s’en sortir, et il y arrivait très bien. C’était un bosseur. Maintenant, on ne peut rien faire malheureusement, à part prier pour lui », a-t-il poursuivi difficilement, en sanglots.

« Comment je pourrais encore rire ? »

Habillée d’un tee-shirt blanc avec la tête de l’adolescent imprimée, une jeune femme qui l’a vu grandir « ne réalise toujours pas ». « Il a voulu s’interposer parce qu’il a vu qu’il y avait une embrouille. Même dans ce geste, on voit toute la bonté de la personne qu’il était », affirme-t-elle.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Ses « amis de toujours » ont, eux aussi, du mal à croire à ce qu’il s’est passé. Au premier rang pour tenir la banderole en son hommage, ils voulaient être présents pour ses proches et montrer « toute la solidarité de ce quartier ». « C’était notre frère, lance Mohamed-Tahar, 15 ans. Je le connaissais depuis mes 3 ans, on passait tout notre temps ensemble. » Il décrit son meilleur ami comme quelqu’un qui était « toujours là pour tout le monde ».

« Il était tout le temps souriant et très respectueux. Il était serviable. Quand on se sentait mal, on pouvait se confier à lui, il était toujours à l’écoute mais aussi toujours là pour nous faire rire », appuie Achour. « Aujourd’hui, on se force à rire. Je me dis que mon pote est mort, comment je pourrais encore rigoler ? », soulève Mohamed-Tahar, la gorge serrée.

« Il est mort devant nos yeux »

« Il est mort devant nos yeux », ajoute ce jeune, le regard en direction des lieux. « On l’a tenu dans nos bras alors qu’il venait de se prendre le coup de couteau, on a appelé les pompiers, on a attendu des heures de savoir ce qu’il se passait à l’hôpital », décrit Sofiane en précisant qu’il en a encore des frissons. « Et il est décédé à un endroit où on restait tous les jours. A chaque fois qu’on va se retrouver là, on va avoir les images de cette soirée. Encore aujourd’hui, j’ai l’impression que c’était hier et je pense que, toute ma vie, ce sera comme ça dans notre tête. »

Sofiane ajoute : « Il n’y a aucun mot pour décrire ce qu’on ressent quand on perd notre ami, celui qu’on considère comme un frère. On a 15 ans, notre quotidien c’était de passer du temps ensemble, d’aller à la piscine, de se poser et de rigoler. Aujourd’hui, on essaie de rester soudés entre nous. On ne fait plus rien sans être vraiment tous réunis. »

« On ne se sent plus en sécurité chez nous »

Cette bande d’adolescents, encore sous le choc, est triste mais aussi en colère. « Nous aussi on veut qu’il y ait la tête de Zakaria en bas à droite du bandeau BFM à la télé [comme ça avait été le cas pour Thomas, mort à Crépol il y a cinq mois]. C’est injuste que cette affaire ne prenne pas plus d’ampleur. Ça reste un humain qui s’est fait tuer mais, juste parce qu’il vient d’un quartier, il ne mériterait pas autant d’importance ? », s’énerve Mohamed-Tahar.

Avant de préciser : « On sait l’image qu’on veut nous donner, mais c’est faux. Si La Monnaie était si dangereuse que ça, les personnes qui ont tué Zakaria n’auraient même pas pu entrer dans le quartier, et surtout, elles n’en seraient pas ressorties comme ça avec leur couteau. »

En plus d’être très affectés, ils sont aussi marqués par cet événement. « Maintenant, on n’est plus sereins quand on sort de chez nous. On regarde chaque voiture qui passe. On ne se sent plus en sécurité », poursuit Mohamed-Tahar. Sofiane conclut : « On se dit que chaque bisou qu’on donne sur le front de notre mère avant de partir, ça pourrait être le dernier… »