JO de Paris 2024 : Sanisettes, gares et commerces… Quel dispositif pour ne pas faire de Paris un urinoir géant cet été ?

«J’aime l’odeur de l’urine au petit matin. » C’est ce que beaucoup de Parisiens pourraient se dire en parodiant le film Apocalypse Now certains jours de l’année. Qui a pris le métro ou arpenté les quais de Seine un lendemain de fête de la musique, de réveillon ou tout simplement un dimanche matin sait de quoi il s’agit.

Trop souvent, la capitale est accusée (pas forcément à tort) de proposer des effluves âcres d’ammoniac. Fête, surpopulation ou mauvaise éducation, les raisons à ce mauvais comportement sont multiples d’autant qu’il n’est pas toujours aisé, en fonction de l’heure ou du lieu où on se trouve, de trouver des toilettes publiques. La question devrait d’autant plus se poser que Paris attend, à l’occasion des Jeux olympiques de 2024, plus de 15 millions de vessies supplémentaires. De quoi transformer la capitale en véritables toilettes de festival ? Pas si sûr.

40 % des sanisettes renouvelées et dotées d’urinoir pour les JO

A la base, la capitale est plutôt bien dotée en toilettes publiques avec 435 sanisettes JC Decaux auxquelles il faut ajouter plus de 300 urinoirs et cabinets de toilettes. Ce qui correspond à un peu plus d’une toilette pour 3.000 habitants. Ce n’est pas de trop pour « absorber » les 15 millions de passages recensés tous les ans, selon la Mairie de Paris. Mais peut-être pas suffisant pour empêcher des embouteillages devant les toilettes pendant les Jeux olympiques.

Heureusement, les files d’attente pourraient avancer plus rapidement d’ici peu. En effet, la Mairie de Paris a lancé depuis mars dernier un programme de remplacement des sanisettes de la capitale. Premier bon point, elles seront toutes équipées d’un urinoir, contre seulement 50 d’entre elles actuellement. « Cela double en quelque sorte le nombre de toilettes disponibles », explique à 20 Minutes Antoine Guillou, adjoint d’Anne Hidalgo chargé de la propreté de l’espace public et de l’assainissement.

Plus vertueux au niveau écologique (consommations d’eau et d’électricité réduites respectivement de deux tiers et d’un tiers), ces nouveaux modèles devraient aussi limiter le temps d’attente par trois selon l’élu grâce à un nouveau système de nettoyage plus rapide qui limiterait l’attente à trente secondes. Les habitués du piétinement nerveux devant la porte des toilettes apprécieront.

1.400 toilettes installées le long de la Seine pour la cérémonie d’ouverture

« Le programme a démarré en mars. D’ici aux Jeux olympiques, 150 sanisettes seront remplacées, à raison de dix par semaine, soit un peu moins de 40 % du parc », précise Antoine Guillou qui confie que les sites les plus touristiques sont prioritaires. Le reste du parc sera remplacé progressivement à partir de septembre.

Si elle ne durera que quelques heures, la cérémonie d’ouverture des Jeux sera suffisamment longue pour devenir un supplice pour les petites vessies. C’est pourquoi un dispositif exceptionnel sera mis en place pour l’occasion. Sur les six kilomètres de bord de Seine concernés, la Mairie va disposer près de 1.400 installations (900 cabines et 500 urinoirs) pour les spectateurs non VIP qui ne pourront bénéficier des structures prévues par le Comité d’organisation des Jeux. Avec plus de 200.000 personnes prévues à la fête, mieux vaudra quand même prendre ses précautions.

Les gares et les commerces ouvrent leurs toilettes gratuitement

Cela peut être en se rendant aux cabinets dès son arrivée en gare. Depuis le début du mois d’avril, toutes les personnes disposant d’un pass Navigo ou d’un ticket magnétique origine/destination ont accès gratuitement aux toilettes des six grandes gares parisiennes (Montparnasse, gare de Lyon, gare du Nord, gare de l’Est, Saint-Lazare, Austerlitz) et deux Franciliennes (gares TGV de Marne-la-Vallée Chessy et de Roissy-Charles-de-Gaulle). Si elle n’est pas spécifique aux Jeux olympiques, cette mesure devrait apporter un peu plus de choix aux usagers pendant la compétition.

Un choix qui devrait aussi s’étendre à partir du 15 juin prochain grâce à ICI Toilettes. En plus de géolocaliser toutes les toilettes publiques avec leurs horaires d’ouverture, cette application, créée par une start-up nantaise, Urban services, propose un réseau de commerçants prêts à ouvrir la porte de leurs toilettes aux passants. Contre une rémunération mensuelle (financée par Atout France), entre 80 et 100 commerçants de la capitale seront ainsi disposés à recevoir gratuitement les badauds en recherche d’un petit coin. En plus, ces commerces proposeront gratuitement des protections périodiques aux usagers de leurs toilettes. Un service qui sera proposé du 15 juin au 15 décembre 2024, mais qui pourrait, à terme, être pérennisé dans le temps.