reportageComment Amazon mise sur les robots pour réduire ses emballages

Amazon : Comment le géant mise sur les robots pour réduire ses emballages

reportage20 Minutes s’est rendu à Vercelli, près de Milan, où se trouve le labo d’innovation d’Amazon. Rencontre avec d’étonnantes machines
Amazon ouvre pour la première fois les portes de son « Innovation lab »
Caroline Girardon

Caroline Girardon

L'essentiel

  • Ouvert en 2017, l'« Innovation lab » de Milan est l’un des trois centres technologiques d’Amazon.
  • Là-bas, 200 ingénieurs planchent sur de nouvelles technologies. Des robots qui doivent permettre au géant américain d’améliorer son empreinte carbone en réduisant la taille de ses emballages.
  • L’entreprise assure également que les machines ont contribué à réduire de 60 % les accidents au travail.

De notre envoyée spéciale à Milan

Au loin, les sommets encore enneigés des Alpes se dessinent magistralement, brisant harmonieusement la ligne d’horizon. Autour, des rizières encore endormies s’étalent à perte de vue. C’est là, à Vercelli, au cœur de la région du Piémont, que se dressent les murs d’un gigantesque entrepôt Amazon. Un lieu qui abrite l’un des trois « Innovation Lab » du géant de la livraison, le seul implanté en Europe.

Depuis 2017, 200 ingénieurs travaillent dans ce centre technologique, planchant secrètement sur la conception de robots qui seront intégrés dans les sites logistiques de l’entreprise. Et pour la première fois, le groupe américain a ouvert les portes de son labo aux journalistes.

400 millions de produits livrés chaque jour

« Au cours de ces cinq dernières années, 700 millions d’euros ont été investis dans l’innovation en Europe », souligne d’emblée Stefano Peregro, l’un des vice-présidents d’Amazon. L’enjeu est de taille : « accélérer les cycles de livraisons » tout en préservant l’environnement et en évitant le gaspillage. Car plus de 400 millions de produits sont expédiés quotidiennement aux quatre coins de la planète. Autant dire qu’en matière de cartons, ça pèse des millions de tonnes.

« Aujourd’hui, 50 % des colis livrés en Europe sont enveloppés dans des emballages réduits et recyclables ou sont même livrés sans emballage », assure Patrick Lindner, le « big boss » chargé de diriger la section mécatroniques et emballages écoresponsables au sein d’Amazon. L’objectif affiché : faire encore mieux. D’où le recours aux machines, à commencer par l'« URL », la dernière star du labo.

L'« étiqueteuse robotisée » est capable d’adapter la taille des étiquettes en fonction des colis qui lui sont présentés, notamment ceux qui « n’ont pas de formes normales ». Un rôle essentiel dans la chaîne de production. Tout comme celui de « la technologie automatisée d’emballage », une gigantesque machine qui permet de créer des sacs en papier sur mesure « durables et souples ». Bien pratique pour la paire de chaussettes qui se présente à elle. Et hop, un petit coup sur le bouton et le produit est emballé en quelques secondes.

Les accidents de travail en baisse de 60 %

« Avec ce système-là, les sacs utilisés sont jusqu’à 90 % plus légers que les boîtes en carton de même taille, se félicite Patrick Lindner. Cela représente une moyenne de 26 grammes en moins par livraison. Si vous additionnez tout ce qui est expédié dans la journée, cela donne un poids très important ».

Un peu plus loin, la « trieuse d’articles » est à l’œuvre. Sa mission : repérer les produits qui viennent de lui être adressés et les répartir intelligemment dans l’un des 40 bacs posés à ses pieds. Son copain, le « récupérateur de bac », attend de prendre le relais. Ce robot navette, qui se déplace sur un rail, reçoit une notification dès le bac est plein. A l’aide de son bras en forme de pince, il le récupère puis le remplace par un bac vide, sans jamais interrompre le processus. Place désormais au « chariot guidé automatisé », petit robot bleu de forme ovale et plate, qui se glisse sous la pile de caisses vides pour les transporter automatiquement dans les centres de distribution.

« Toutes ces innovations facilitent le travail de nos employés mais ne remplacent pas leur poste », se défend Sarah Rhoads, vice-présidente chargée de la sécurité au travail et de la santé. Selon les dirigeants d’Amazon, la robotique aurait déjà permis de créer plus de 220.000 emplois en Europe depuis une quinzaine d’années. Mais surtout, les machines auraient contribué à réduire de 60 % les accidents au travail entre 2019 et 2023. « Beaucoup de blessures sont causées par la répétition des gestes et les efforts physiques. C’est clairement une amélioration des conditions de travail », conclut Sarah Rhoads, coupant ainsi court aux accusations de pression sur les salariés.

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