ENQUETEUn policier traîné sur 300 mètres après un refus d’obtempérer à Paris

Paris : « Il m’a dit que j’allais mourir »… Un policier traîné sur 300 mètres par un scooter après un refus d’obtempérer

ENQUETEUn agent a été blessé après avoir tenté d’arrêter le conducteur d’un scooter qu’il soupçonnait d’avoir vendu de la cocaïne
 Examiné par un médecin, Yannick, qui souffre d'un retentissement psychologique important, s’est vu prescrire un jour d’ITT. Il a déposé plainte (illustration)
Examiné par un médecin, Yannick, qui souffre d'un retentissement psychologique important, s’est vu prescrire un jour d’ITT. Il a déposé plainte (illustration) - Mourad ALLILI / SIPA
Thibaut Chevillard

Thibaut Chevillard

L'essentiel

  • Un policier a été blessé, samedi soir à Paris, en poursuivant le conducteur d’un scooter qu’il soupçonnait d’avoir vendu de la cocaïne.
  • Le fonctionnaire s’est retrouvé accroché au scooter. Malgré son insistance, le conducteur a refusé de s’arrêter, clamant que « ce n’était pas son problème » et qu’il « allait mourir ».
  • Le policier a été traîné sur au moins 300 mètres avant d’être « projeté au sol violemment ». Le suspect a été identifié et est activement recherché par les enquêteurs.

Par chance, le gardien de la paix n’a été que légèrement blessé. Mais Yannick *, 36 ans, reste très choqué par cette intervention au cours de laquelle il s’est vu mourir. Les faits, qu’il a rapporté dans sa plainte consultée par 20 Minutes, se sont passés samedi soir, rue Berger, dans le 1er arrondissement de Paris. Des policiers de la brigade anticriminalité sont alors témoins d’une transaction de produits stupéfiants. Un homme assis sur un scooter Piaggio MP3, vêtu d’une doudoune noir et d’un casque gris, est venu livrer de la cocaïne à un restaurateur âgé de 22 ans.

Observant la scène depuis la rue, un agent communique à Yannick et à l’un de ses collègues le signalement du dealer, qui vient de repartir en direction de la rue du Louvre. Les deux policiers, qui patrouillaient en voiture, repèrent le suspect arrêté à un feu rouge. Le fonctionnaire « positionne » son véhicule « devant le sien, afin de le bloquer sans danger », puis sort afin de « procéder au contrôle ». Mais le dealer « a réagi en accélérant brusquement, heurtant la portière et forçant le passage ». Yannick se lance à sa poursuite. Il le rattrape et lui ordonne de s’arrêter. Mais le suspect refuse d’obtempérer.

« Rien à faire »

Soudain, Yannick se retrouve « accroché à son véhicule, incapable de descendre en raison de la vitesse ». Il supplie le conducteur du trois-roues de s’arrêter. « Il a refusé, me disant indifféremment que je pouvais mourir, que j’allais mourir, que ce n’était pas son problème. Je lui ai dit à plusieurs reprises que je le laisserai partir mais que je ne voulais pas mourir. Mais il m’a rétorqué froidement qu’il n’en avait rien à faire », a-t-il confié au collègue qui a recueilli son témoignage.

Le vendeur de cocaïne prend tous les risques et tente de se débarrasser du policier « en exécutant des manœuvres brusques ». « J’ai essayé à plusieurs reprises de saisir le frein de son véhicule, sans succès, car il accélérait à chaque fois en réponse », a expliqué la victime, qui était « terrifiée » et qui, craignant pour sa vie, a hésité « à agir de manière plus radicale ». Le policier, traîné sur au moins 300 mètres, parvient finalement « à appuyer fortement » sur le frein. Il se retrouve « projeté au sol violemment ». « J’ai glissé sur la route et me suis heurté à des rambardes, heureusement sans subir de blessures graves. »

Le suspect recherché

Ses effets personnels, y compris son arme, « ont été éjectés et projetés à au moins dix mètres sous l’effet de la violence du choc ». Le dealer, lui, a continué sa route « comme si de rien n’était, sans se retourner, ni s’enquérir de mon état ».

Examiné par un médecin, Yannick, qui souffre d’un retentissement psychologique important, s’est vu prescrire un jour d’ITT. Il a déposé plainte. L’acheteur de cocaïne a été interpellé et placé en garde à vue. Le suspect, qui avait acheté ce scooter récemment, a été identifié par les enquêteurs.

Selon Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat Un1té - auquel Yannick est adhérent - il a finalement été interpellé. Contacté par 20 Minutes, le parquet de Paris n’avait pas encore répondu à nos sollicitations.

* Le prénom a été modifié

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