Santé publiqueLa France touchée par une épidémie de Parvovirus, qui a tué 5 bébés en 2024

« Cinquième maladie » infantile : La France touchée par une épidémie de Parvovirus, qui a tué cinq bébés en 2024

Santé publiqueDepuis un an, la France connaît une épidémie de Parvovirus, une maladie le plus souvent bénigne, mais qui peut causer des complications dans certains cas
La France connaît depus un an une épidémie de Parvovirus, ou « cinquième maladie » infantile.
La France connaît depus un an une épidémie de Parvovirus, ou « cinquième maladie » infantile. - Vladimir Godnik / Mood /REX/SIPA / SIPA
Anissa Boumediene

Anissa Boumediene

L'essentiel

  • Une épidémie de Parvovirus touche la France depuis un an et s’accélère.
  • Ce virus peut donner lieu à des complications et a causé la mort de cinq bébés en 2024.
  • Quelle est cette maladie et comment se transmet-elle ? 20 Minutes fait le point.

Alerte à la « cinquième maladie » dans l’Hexagone. « Une épidémie d’infections à Parvovirus B19 touche actuellement la France », indique Santé publique France dans un rapport publié lundi soir. L’épidémie, qui « a débuté en mai 2023, affecte toutes les catégories d’âge et en particulier l’enfant », poursuit l’agence sanitaire, qui observe qu’elle s’est récemment accélérée.

La plupart du temps sans gravité, l’infection au Parvovirus peut dans certains cas donner lieu à de graves complications, et a ainsi causé la mort de cinq bébés en 2024. Quelle est cette maladie ? Quels sont ses symptômes et qui peut être touché ? 20 Minutes fait le point sur ce que l’on sait de ce virus.

Une « cinquième maladie » généralement bénigne

L’infection se contracte « par les gouttelettes, telles que la salive ou le mucus nasal, détaille les CDC américains, les Centres de contrôle et de prévention des maladies. Mais aussi via le sang ou les produits sanguins [en cas de transfusion], et pendant la grossesse, de la mère au bébé ». Et « la maladie se transmet surtout avant l’apparition des éruptions cutanées chez les personnes dont c’est la seule manifestation, et ne peut probablement pas être transmise par la suite en raison de la disparition de la virémie », complète l’Agence de la santé publique du Canada, qui indique que la période d’incubation est « de 4 à 14 jours, mais peut durer jusqu’à 21 jours ».

L’infection au Parvovirus humain B19, de son nom complet, « est le plus souvent asymptomatique ou associée à de la fièvre ou un syndrome pseudo-grippal », précise la Société française de microbiologie (SFM). Mais elle peut causer « un érythème infectieux, ou cinquième maladie, une infection infantile bénigne », précise Santé publique France.

Parmi les noms qui désignent cette affection virale, le Parvovirus est aussi appelé « maladie de la joue giflée », en raison de l’éruption cutanée rouge vif qu’il peut provoquer sur les joues. Celle-ci peut aussi se répandre sur l’ensemble du corps, de manière semblable à la rougeole. Pourquoi est-elle aussi surnommée « cinquième maladie » ? Parce qu’il s’agit de la cinquième infection virale responsable d’une éruption cutanée chez l’enfant après la rougeole, la varicelle, la rubéole et la roséole.

De graves complications possibles

Le plus souvent bénigne, cette maladie ne fait pas l’objet d’une surveillance ni d’aucune mesure de prévention spécifique en France. L’éviction scolaire des enfants touchés n’est même pas préconisée puisque lorsque les symptômes apparaissent, les malades ne sont plus contagieux.

Il est toutefois « recommandé d’informer les sujets à risque lors de la survenue de cas groupés ou de cas en collectivité afin d’éviter les contacts », insiste Santé publique France. Car ce virus peut être dangereux pour certaines personnes. « La primo-infection peut entraîner des manifestations sévères chez les personnes atteintes d’anémie hémolytique chronique, chez des personnes immunodéprimées et chez les femmes enceintes, chez qui elle peut être responsable de fausses couches et d’anasarque fœto-placentaire », une maladie fœtale sévère, prévient l’agence sanitaire. Dans certains cas, « une myocardite ou une encéphalite peuvent être observées ».

Et depuis le début d’année, cinq décès ont été recensés, tous de nourrissons, pour quatre d’entre eux après une infection de leur mère en cours de grossesse. Des chiffres à des niveaux supérieurs à l’avant-pandémie de Covid-19, quand le nombre de morts annuelles était généralement inférieur à deux.

Le pic épidémique pas encore atteint

Généralement, « de petites épidémies surviennent tous les trois à quatre ans, à la fin de l’hiver et au début du printemps », relève la SFM. Mais depuis le début de l’épidémie il y a un an, « son intensité s’est accrue au dernier trimestre de 2023 et elle poursuit son ascension en 2024 avec un pic qui n’a pas encore été atteint au mois de mars », précise Santé publique France.

Cette épidémie, également observée dans d’autres pays européens comme le Danemark et les Pays-Bas, s’inscrit dans un contexte plus large de recrudescence de plusieurs infections. Santé publique France a ainsi signalé récemment un rebond des cas de coqueluche. Des observations semblables ont été faites sur la rougeole ou les infections à méningocoque.

Ces recrudescences sont généralement expliquées comme une conséquence des restrictions sanitaires prises lors de la crise du Covid-19, puis de leur levée. Ces mesures ont, en effet, réduit l’exposition des personnes à de nombreux pathogènes, à l’instar de la bronchiolite, réduisant ainsi temporairement l’occasion de leur construire des réponses immunitaires. L’agence sanitaire, qui suit l’évolution du virus sur le territoire, actualisera son bulletin épidémiologique en mai.

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