CompromisSemaine de quatre jours, d’accord, mais qui bossera le vendredi ?

Semaine de quatre jours : Comment faire pour que tous les salariés ne posent pas leur vendredi ?

CompromisL’ONG 4 Day Week Global veut accompagner 50 entreprises françaises vers la semaine à quatre jours. Avec un coup de main pour gérer les plannings
Pas toujours facile de contenter tout le monde... (illustration)
Pas toujours facile de contenter tout le monde... (illustration) - Canva / Canva
Xavier Regnier

Xavier Regnier

L'essentiel

  • L’ONG 4 Days Week Global lance en France un appel à candidatures pour que des entreprises de 10 à 200 salariés bénéficient d’un accompagnement vers un passage à la semaine de quatre jours, en les aidant sur l’aspect RH et légal.
  • La difficulté sera de répartir équitablement le jour de repos supplémentaire entre les salariés, pour éviter par exemple que tous prennent le vendredi : des plannings tournants ou mixtes, avec des semaines à trois, quatre ou cinq jours, sont possibles.
  • Les bénéfices attendus sont triples : amélioration de la productivité les jours de présence, meilleure santé des employés et fidélisation.

De longues heures de détente à pourvoir… D’ici la rentrée de septembre, une cinquantaine d’entreprises en France pourraient être accompagnées pour passer à la semaine de quatre jours. Celle qui dure 32 heures sans perte de salaire, contrairement au projet de Gabriel Attal. Objectif pour 4 Day Week Global, l’ONG à l’origine de ce pilote à grande échelle : prouver que ça marche, dans différents secteurs et différents contextes.

Mais pour les entreprises qui voudraient se lancer, les craintes peuvent être nombreuses. Comment faire la bascule sans risque ? Quels sont vraiment les bénéfices attendus ? Et surtout, comment éviter que tous les salariés se battent pour libérer leur vendredi ? 20 Minutes a interrogé Philippe du Payrat, confondateur de 4jours.work, l’organisme qui va accompagner les entreprises de ce pilote.

Comment sont accompagnées les entreprises ?

L’appel est lancé. Le mouvement 4 Day Week Global, qui a « déjà accompagné 360 entreprises dans une vingtaine de pays, du Brésil au Royaume-Uni », précise Philippe du Payrat, attend les candidatures d’entreprises qui souhaiteraient être accompagnées, d’ici à fin juillet. « On vise les entreprises entre 10 et 200 salariés, qui sont celles qui ont le plus de mal à se lancer mais qui sont en même temps déjà confrontées à des problématiques » comme l’absentéisme, la difficulté à recruter ou à garder leurs employés. L’idée est de convaincre environ 50 entreprises, pour avoir « le plus gros pilote à une échelle nationale ».

Dans une deuxième phase, de septembre à octobre, chaque entreprise sera amenée à définir son projet. « Pourquoi se lancer ? Quels sont les facteurs de succès ? Comment les évaluer ? » Autant de questions essentielles, selon Philippe du Payrat, avant de passer à la semaine de quatre jours. Pour une transition des plus réussies, des « séries d’ateliers pour repenser l’organisation de la journée, de la semaine, des réunions » seront aussi proposées. Ensuite, début novembre, « on se jette à l’eau » pour six mois. Durant cette période, 4jours.work continuera d’accompagner les entreprises avec « du conseil RH et juridique ». L’idée étant de « surmonter les challenges ensemble », plutôt que d’y aller seul.

Comment faire passer tous les salariés de cinq à quatre jours sans que tout le monde ne prenne le même jour ?

C’est le grand fantasme qui vient lorsqu’on parle de travailler un jour de moins : que le vendredi devienne le nouveau dimanche. Que plus personne ne veuille travailler avant le week-end. Ou bien que tous les parents s’arrachent le mercredi. En réalité, « la semaine de quatre jours, ce n’est pas le vendredi off », rassure Philippe du Payrat. Le dirigeant met en avant la variété des formats qui peuvent être proposés, selon que l’on soit une entreprise qui doit rester ouverte six jours sur sept ou bien qui peut diminuer son activité un jour donné.

« Bien sûr, il faut se poser la question des jours fériés, de l’accompagnement des stagiaires, de la parentalité… » Pour les entreprises qui ont des délais à tenir et des périodes plus intenses, l’expert évoque la possibilité « d’avoir des semaines à cinq jours, et d’autres à trois ». Bref, il faut négocier. Mais rien ne bloque vraiment. « Le temps, c’est le bien le plus précieux. La gratitude et l’intérêt du salarié seront toujours là, même si le jour donné n’est pas celui souhaité. » Et pour éviter la trop grande frustration de se retrouver en repos un mardi, il y a toujours la solution « d’un roulement chaque trimestre ».

Quels sont les bénéfices attendus ?

L’objectif peut sembler ambitieux : baisser la durée du travail de 35 à 32 heures hebdomadaires sans toucher aux résultats de l’entreprise ni à la rémunération. Pourtant, la semaine à quatre jours serait en fait bénéfique sur le temps passé par les salariés dans l’entreprise. D’abord, parce que la productivité est meilleure. « On a des bénéfices énormes sur la réduction des burn-out et de l’absentéisme », plaide aussi Philippe du Payrat. Aujourd’hui, l’absentéisme moyen avoisine les 25 jours par an, et 34 % des salariés seraient en burn-out, selon une étude de OpinionWay.

En libérant du temps pour faire du sport et plus globalement pour toute activité permettant de diminuer le stress, la semaine à quatre jours revêt donc un enjeu de santé, à l’heure de cotiser plus longtemps pour la retraite. « Note mission, c’est de redonner du temps à chacun pour le bien-être de tous », résume Philippe du Payrat, qui évoque « l’impact par ruissellement sur les proches, notamment dans la répartition des tâches domestiques ».

Dernier détail intéressant pour l’employeur, à l’heure où « la génération Z reste en moyenne 18 mois dans une entreprise », 4 Day Week Global a observé une chute de 42 % des démissions dans ses entreprises partenaires. Autant d’effets positifs qui ont convaincu neuf entreprises testeuses sur dix de conserver la semaine à quatre jours.

Sujets liés