investigations« Un gitan ne se suicide pas »… L’essentiel sur l’affaire Kendji Girac

Kendji Girac blessé par balle : « Un gitan ne se suicide pas »… L’essentiel sur l’enquête

investigationsDans sa conférence de presse détaillée, ce jeudi, le procureur de la République de Mont-de-Marsan, a démontré que les seules hypothèses solides restaient celles d’une tentative de suicide, réelle ou simulée, selon la version du chanteur
Le chanteur de 27 ans a expliqué mercredi aux enquêteurs qu'il avait voulu faire peur à sa femme pour qu'elle ne mette pas à exécution sa menace de partir.
Le chanteur de 27 ans a expliqué mercredi aux enquêteurs qu'il avait voulu faire peur à sa femme pour qu'elle ne mette pas à exécution sa menace de partir. - SYSPEO/SIPA / SYPEO/SIPA
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

L'essentiel

  • Après des analyses balistiques, le procureur a démenti toute piste criminelle dans le tir dont a été victime le chanteur Kendji Girac, l’intervention d’un tiers étant matériellement impossible selon les expertises.
  • Dans ses dernières déclarations, Kendji Girac a reconnu avoir voulu faire peur à sa femme en simulant un suicide avec une arme récemment acquise, mais il croyait le chargeur vide et s’est tiré dessus par erreur.
  • Le procureur émet des réserves sur la thèse du suicide simulé, la compagne de Kendji Girac ayant déclaré aux enquêteurs qu’il lui avait déjà fait part de pensées suicidaires, et le suicide étant tabou dans la communauté des gens du voyage.

Comment Kendji Girac s’est-il retrouvé avec une balle dans le thorax ? Après l’incident du 22 avril sur l’aire de grand passage des gens du voyage de Biscarrosse dans les Landes, le procureur de la République de Mont-de Marsan, Olivier Janson, a démenti, ce jeudi, toute piste criminelle. Les expertises balistiques montrent que l’intervention d’un tiers est matériellement impossible. Le procureur a tenu à faire taire les rumeurs, foisonnantes dans cette affaire.

La nouvelle version de Kendji Girac

Dans sa dernière audition ce mercredi, le chanteur n’a pas maintenu la thèse d’un accident, avec un coup parti tout seul en manipulant l’arme. Comme le corrobore sa compagne Soraya, il confirme qu’il avait beaucoup bu et qu’il l’a réveillée, elle et leur petite fille, à son retour dans la caravane. Comme « sa femme n’était pas contente », il s’est installé dans sa voiture pour y écouter de la musique.

« Il décrit que, soudainement, il se souvient qu’il a récemment acheté une arme, détaille le procureur. Il a voulu faire peur à sa femme en simulant un suicide mais a omis de vérifier le chargeur, qu’il croyait vide. C’est volontairement qu’il s’est tiré dessus. » Il avait acheté l’arme à un inconnu qui s’était présenté au camp il y a quelque temps, et non pas dans une brocante de la Teste comme il l’avait précédemment prétendu.

Le tabou du suicide dans la communauté des gens du voyage

Ce serait pour ne pas faire peur à sa famille qu’il aurait choisi de dire que le coup était parti tout seul. « Je voulais faire entendre le bruit de la détente à Soraya et qu’elle me dise d’arrêter », a-t-il déclaré lors de son audition. Mais le procureur a quelques réserves avec cette version d’un suicide simulé. Il pointe ainsi le fait que le suicide est tabou dans la communauté des gens du voyage. « Un gitan ne se suicide pas », a-t-il entendu pendant la procédure.

Sa compagne a affirmé aux enquêteurs que le chanteur lui avait déjà fait part de pensées suicidaires et qu’il était familier des armes de poing, avec lesquelles il a l’habitude de s’entraîner en Suisse, d’où est originaire sa femme. Olivier Janson a par ailleurs parlé d' « une addiction naissante à l’alcool » et la compagne du chanteur d' « une consommation de cocaïne une à deux fois par semaine ».

La fin de la procédure pénale

Il reste deux possibilités à ce stade de l’enquête : une tentative de suicide, vraie ou simulée. Or, aucune des deux ne correspond à une infraction pénale. La procédure va donc se terminer, sauf si un élément nouveau émerge, ce qui paraît très improbable. « La justice n’a pas vocation à enquêter sur les motivations d’un passage à l’acte, c’est de l’ordre de l’intimité, a explicité le procureur. Les actes et expertises en cours vont néanmoins se poursuivre. »

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