Couper les vivresValérie Pécresse suspend les financements de la région à Sciences Po

Sciences Po : La région Ile-de-France suspend ses financements à l’école après la mobilisation propalestinienne

Couper les vivresL’opposition régionale s’insurge du « deux poids, deux mesures » alors que l’école catholique Stanislas (6e arrondissement) avait vu ses financements maintenus après un rapport très défavorable de l’inspection
La porte de l'Institut d'études politiques de Paris.
La porte de l'Institut d'études politiques de Paris.  - Emmanuel Dunand / AFP / AFP
Romarik Le Dourneuf

R.L.D. avec AFP

C’est probablement une première, et elle devrait faire du bruit. Ce lundi, Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France a annoncé la suspension de ses financements à destination de Sciences Po, théâtre d’une mobilisation pro-Gaza sous tension, « tant que la sérénité et la sécurité ne seront pas rétablies ».

« Une minorité de radicalisés appelant à la haine antisémite, et instrumentalisés par LFI et ses alliés islamo-gauchistes, ne peuvent pas dicter leur loi à l’ensemble de la communauté éducative », accuse la présidente de droite sur X. Vendredi, une journée de blocage et de mobilisation, émaillée de tensions, s’est tenue à Sciences Po Paris, en présence de plusieurs députés LFI.

Un million d’euros du contrat avec l’Etat plus des crédits de fonctionnement

Le soutien régional à la prestigieuse école comprend un million d’euros « prévu pour 2024 dans le cadre du CPER (contrat de plan Etat-région) », a précisé à l’AFP l’entourage de l’ancienne candidate à l’élection présidentielle.

Le tweet de Valérie Pécresse annonçant la suspension des financements régionaux à Sciences Po.
Le tweet de Valérie Pécresse annonçant la suspension des financements régionaux à Sciences Po.  - Capture d'écran X

D’autres « crédits de fonctionnement », destinés notamment à la mobilité internationale, prévus « pour le printemps et la rentrée » sont suspendus, a ajouté la même source.

En réponse à une mobilisation d’étudiants propalestiniens faisant écho aux contestations agitant de prestigieux campus américains, la direction de Sciences Po Paris s’est engagée vendredi soir à organiser un débat interne et à suspendre des procédures disciplinaires lancées contre des manifestants.

L’opposition évoque Stanislas et dénonce le « deux poids, deux mesures » de Valérie Pécresse

Cette « suspension » de procédures disciplinaires ne concerne pas l’enquête ouverte en mars après une accusation d’antisémitisme, a souligné dimanche la ministre de l’Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau.

L'opposition régionale rappelle l'épisode Stanislas.
L'opposition régionale rappelle l'épisode Stanislas. - Capture d'écran X

Une mesure qui n’a pas manqué de faire réagir l’opposition régionale. Sur le même réseau X, le groupe Socialiste, Écologiste et Radical (SER) a fait référence à une autre affaire : « Et Stanislas ? Deux poids, deux mesures. Quand il s’agit de suspendre les subventions au lycée Stanislas parce que l’ancien directeur consultait de manière régulière des sites "pédopornographiques", (1.400 connexions par jour !), c’est silence radio côté @vpecresse. »

Stanislas avait gardé son financement en janvier

L’école du 6e arrondissement a été au cœur de la tempête ces derniers mois après la publication d’un rapport de l’inspection qui accusait l’école catholique de « dérives dans l’application du contrat d’association » de l’établissement avec l’Etat, comme l’obligation de suivre des cours de catéchisme, ce qui est contraire à la loi.

« Dérives » également dans la teneur de ces cours, selon le rapport, qui souligne que « certains catéchistes expriment des convictions personnelles qui outrepassent les positions de l’Église catholique, par exemple sur l’IVG » ou « susceptibles d’être qualifiées pénalement sur l’homosexualité ».

À l’époque, la présidente de région avait choisi de maintenir ses financements. « À partir du moment où l’Etat maintient le contrat d’association », « le financement est maintenu », avait expliqué l’entourage de Valérie Pécresse avant le vote, le 31 janvier en commission permanente, d’une première enveloppe de 917.000 euros, la plus importante de la région pour une école privée.

La mobilisation s’étale à la Sorbonne

Lundi, les forces de l’ordre ont pénétré dans la Sorbonne pour évacuer des militants propalestiniens qui avaient installé des tentes à l’intérieur des bâtiments universitaires.

Le Premier ministre, Gabriel Attal, a « demandé que la Sorbonne soit évacuée rapidement », comme « il l’avait demandé pour Sciences Po, vendredi", a fait savoir son entourage.

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