Les 30 ans du tunnel sous la Manche : Trois décennies d’événements insolites

Le 6 mai 1994, le président français, François Mitterrand, et la reine d’Angleterre, Elizabeth II, inauguraient officiellement le tunnel sous la Manche. Un ouvrage unique au monde à l’époque, et qui cumulait les superlatifs après avoir longtemps alimenté les critiques, notamment en raison de son coût exorbitant.

Trente ans et 500 millions de passagers plus tard, Eurotunnel (aujourd’hui GetLink) a vu son histoire émaillée de succès et de petites histoires. Ce sont ces dernières qui nous intéressent.

En voiture, à vélo et en courant

Si la navette ferroviaire est le moyen le plus utilisé pour traverser le tunnel, d’autres véhicules ont parcouru les 50 km de béton sous la mer. Ainsi, en novembre 2009, l’ex-champion de formule 1 britannique John Surtees a été le premier à rouler en voiture d’un bout à l’autre du tunnel. A 75 ans, il pilotait un prototype de sportive anglaise, une Ginetta G50 EV, dans le cadre d’une opération caritative. Ironie, l’ancien pilote de F1 a mis plus d’une heure à traverser la Manche, limité à une vitesse de 50 km/h.

De son côté, c’est en cinquante-cinq minutes que le champion cycliste Chris Froome, alors dernier vainqueur du tour de France, mettra pour parcourir le tunnel à vélo en juillet 2014. Une incartade spectaculaire alors qu’il était en même temps engagé sur la Grande Boucle et pointait 5e au classement général.

En 2014 puis en 2019, l’exploitant du tunnel a fait une fleur à ses employés en leur organisant un marathon transmanche. Il y a cinq ans, à l’occasion des 25 ans d’Eurotunnel, ils étaient 94 a s’élancer dans le tunnel de service pour rejoindre l’Angleterre à petites foulées.

Les naufragés du tunnel

En trente ans, il y a forcément eu des galères, notamment pour les passagers. A l’image de ce 4 août 2010, lorsqu’une vingtaine de voyageurs ont tout simplement été oubliés par le personnel du tunnel. Alors qu’ils arrivaient à Calais en provenance de Folkestone, personne n’est venu ouvrir la porte de leur navette et le train est reparti dans l’autre sens. Ce n’est que de retour côté anglais que le personnel d’Eurotunnel s’est rendu compte de sa bourde et a renvoyé les 20 passagers vers Calais.

A l’hiver 2009, l’expérience a été moins drôle pour environ 2.000 voyageurs. En raison du froid et de la neige, ce ne sont pas moins de cinq rames Eurostar qui sont restées bloquées dans et aux abords du tunnel en raison de dysfonctionnements techniques.

Ceux qui étaient coincés sous la Manche ont dû évacuer leur rame en panne et emprunter le tunnel de service pour finalement être embarqués dans une rame en état de fonctionnement.

La question des migrants

Avant de s’équiper de clôtures infranchissables, le terminal Eurotunnel de Coquelles (Pas-de-Calais) était régulièrement infiltré par des migrants souhaitant rejoindre la Grande-Bretagne. Le 3 octobre 2015, en pleine nuit, 113 personnes avaient pu pénétrer à l’intérieur du terminal de Coquelles en forçant une clôture. Prenant de court la sécurité, ils avaient réussi à entrer dans le tunnel et à parcourir une quinzaine de kilomètres avant d’être interceptés par les forces de l’ordre.

La belle histoire s’était déroulée deux mois plus tôt. Une nuit d’août, un Soudanais de 40 ans s’était infiltré seul dans le terminal. Sans se faire repérer, il avait pu franchir l’entrée du tunnel et entamer une longue marche vers l’Angleterre. Il avait finalement été interpellé côté anglais, près de la sortie du tunnel. Inculpé pour « obstruction à la circulation dans le tunnel », ce Soudanais avait néanmoins obtenu son statut de réfugié, puis l’asile un an plus tard.

Les étonnantes découvertes de la douane

C’est quand même fou ce que certains tentent de faire passer clandestinement par le tunnel. En 2007, les agents de la douane ont ainsi intercepté deux antiquaires britanniques qui avaient planqué un tigre mort et empaillé dans leur camionnette.

En 2013, ce sont des animaux vivants que les douaniers ont découverts. Pas moins de 80 animaux atypiques importés illégalement par des trafiquants : il y avait notamment des caïmans, des pythons, des hérissons et autres « NAC ».

Mais c’est en avril 2019 que les douaniers ont fait la découverte la plus déstabilisante en contrôlant un poids lourd conduit par deux chauffeurs polonais. Dans la remorque, une cargaison de cercueils neufs à destination de la Grande-Bretagne. Sauf que dans l’un des cercueils, les deux Polonais avaient installé un migrant irakien qu’ils tentaient de faire passer clandestinement.