décèsBernard Pivot, animateur télé et écrivain, est mort

Bernard Pivot, animateur télé et écrivain, est mort

décèsLe présentateur d’émissions littéraires cultes comme « Apostrophes » et « Bouillon de culture » est décédé à l’âge de 89 ans, ce lundi
Animateur télé et écrivain, Bernard Pivot, est mort à l’âge de 89 ans #shorts
Benjamin Chapon

B.Ch. avec AFP

Animateur d’émissions littéraires cultes à la télévision, Bernard Pivot est mort à Neuilly-sur-Seine à l’âge de 89 ans, a annoncé sa fille Cécile Pivot à l’AFP, lundi 6 mai. Pendant plusieurs décennies, Bernard Pivot a incarné la littérature et la défense de la langue française à la télévision, avec des émissions comme « Apostrophes » puis « Bouillon de culture ».

A partir de 2014, comme une consécration, il préside l’académie Goncourt, dont il faisait partie depuis 2004. Jusqu’à la fin de son mandat en 2019, il continua en parallèle d’animer des dictées géantes et autres concours d’orthographe qui avaient fait sa célébrité.

Du « Progrès » à Twitter

Figure incontournable de la scène littéraire en tant que commentateur, Bernard Pivot était aussi écrivain et est l’auteur de plusieurs romans et essais. Néanmoins c’est peut-être sur Twitter (futur X) que ses textes écrits auront trouvé la plus large audience, avec un million d’abonnés.

Journaliste de formation, le Lyonnais avait fait ses débuts au Progrès avant de rejoindre Le Figaro puis Le Point et Le Journal du Dimanche. Il débute la télévision en 1967 et s’oriente très vite vers des émissions littéraires.

Les années « Apostrophes »

En 1974, après l’éclatement de l’ORTF, il a l’idée d'« Apostrophes », diffusé pour la première fois sur Antenne 2 le 10 janvier 1975. Cette émission qu’il anime en direct, après le Concerto pour piano numéro 1 de Rachmaninov, est indétrônable le vendredi soir. On y rit beaucoup, on rivalise d’esprit, on fume et on boit, on s’insulte, on s’embrasse… Le public adore, les ventes suivent.

Les géants des lettres se succèdent dans ce salon d’un nouveau genre où Bernard Pivot sait créer une intimité et réunir des duos improbables. Cavanna essaie de faire taire un Charles Bukowski ivre mort avec un fameux « Bukowski, je vais te foutre mon poing dans la gueule ! », auquel Pivot ajoute : « Shut up… ». Soljenitsyne y défend L’Archipel du goulag et ses mémoires. Marguerite Duras lui avoue : « On boit parce que Dieu n’existe pas. »

Le « questionnaire de Pivot »

Sagan, Barthes, Nabokov, Bourdieu, Eco, Le Clézio, Modiano, Levi-Strauss ou encore le président Mitterrand seront ses invités. En 1987, il interviewe clandestinement Lech Walesa en Pologne. Facétieux et lecteur minutieux, il soumet ses invités au « questionnaire de Pivot », inspiré de celui de Proust.

Quand « Apostrophes » s’arrête, l’infatigable journaliste crée « Bouillon de culture », toujours sur le service public, à l’horizon plus large que les livres. Quand l’émission cesse en juin 2001, le dernier numéro rassemble 1,2 million de téléspectateurs.

La tache Matzneff

Quand a surgi en janvier 2020 l’affaire Gabriel Matzneff, auteur pédocriminel qui a bénéficié d’une grande complaisance alors qu’il avait des relations sexuelles avec des mineures, on a beaucoup revu une émission de mars 1990 dont l’écrivain était invité.

Avec 30 ans de recul, la séquence choque. « Aujourd’hui, la morale passe avant la littérature. Moralement, c’est un progrès », se défendra Bernard Pivot.

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