Soldat poignardé gare de l’Est : La famille d’Andy, première victime de l’assaillant, « ignorait qu’il était sorti »
INFo « 20 Minutes »•Me Frédérique Pons était l’une des avocates de la famille d’Andy Brigitte, ce jeune homme de 22 ans mortellement poignardé en 2018 dans le métro par l’homme aujourd’hui soupçonné d’avoir attaqué un militairePropos recueillis par Caroline Politi
L'essentiel
- Un militaire de l’opération Sentinelle a été poignardé lundi soir à la gare de l’Est, à Paris.
- Le suspect, Christian Ingondo, 40 ans, a déjà été reconnu responsable du meurtre d’un jeune homme de 22 ans – Andy Brigitte – mais déclaré irresponsable pénalement.
- L’avocate de la famille d’Andy Brigitte assure qu’ils ignoraient que l’homme était sorti de l’hôpital.
Depuis ce matin, le téléphone de Me Frédérique Pons sonne sans cesse pour évoquer une affaire pourtant close : le meurtre gratuit d’Andy Brigitte, un jeune Martiniquais de 22 ans, poignardé dans la station de RER de Châtelet-les-Halles, en janvier 2018. Christian Ingondo, l’auteur de ce geste incompréhensible – il avait d’abord affirmé avoir été bousculé par le jeune homme, un comble à l’heure de pointe dans la station la plus fréquentée d’Europe – a finalement été jugé irresponsable pénalement en 2020 et hospitalisé d’office.
Un drame que l’actualité a remis sur le devant la scène : le meurtrier n’est autre que le principal suspect de l’attaque au couteau contre un militaire de l’opération Sentinelle, lundi soir à la gare de l’Est, à Paris. L’homme, rapidement interpellé, a été placé en garde à vue avant que celle-ci soit finalement levée ce mardi matin en vue de son transfert à l’infirmerie psychiatrique. L’enquête pour « tentative d’assassinat » se poursuit.
Pour 20 Minutes, l’avocate Frédérique Pons se replonge dans ses souvenirs.
Saviez-vous, vous et la famille d’Andy Brigitte, que Christian Ingondo avait été libéré ?
Non, on ignorait totalement qu’il était sorti. Je l’ai appris hier soir en découvrant l’actualité. Ce n’est pas surprenant que nous ne soyons pas au courant puisque l’hospitalisation relève du secret médical, on sort du champ judiciaire.
Avez-vous échangé avec la famille d’Andy Brigitte ?
Pour la famille d’Andy, les faits d’hier soir sont très traumatisants, ils ravivent une blessure qui n’est pas, et qui ne le sera peut-être jamais, cicatrisée. A cela, s’ajoute forcément de l’étonnement et de l’incompréhension quant à cette sortie : les faits remontent à 2018, la décision de la chambre de l’instruction remonte a quatre ans. Il y a, j’imagine, un besoin de comprendre.
Que ressentez-vous ?
Dans les deux cas, ce sont des affaires profondément tristes, tant pour ce militaire, qui semble-t-il n’est plus en danger [touché au niveau des omoplates, son pronostic vital n’est pas engagé], que pour les proches d’Andy. Ce jeune homme a été tué dans des conditions aussi dramatiques qu’inexplicables dans les couloirs du métro. Un geste gratuit qui a d’autant plus choqué que la scène a été filmée alors qu’il agonisait. Pour sa famille, qui vit à la Martinique, et qui était donc loin, c’était très dur à vivre.
Quels souvenirs gardez-vous de Christian Ingondo, notamment lors de l’audience devant la chambre de l’instruction, en juin 2020 ?
Dès sa garde à vue, il a été transféré à l’infirmerie psychiatrique. Il n’y a donc pas eu de confrontation ou de reconstitution comme dans un dossier criminel classique. Le jour de l’audience devant la chambre de l’instruction, il était bien présent mais était hospitalisé et vraisemblablement sous médicaments. Les échanges étaient très réduits. Ce sont surtout les experts psychiatres qui ont parlé. Dans ce dossier, il y a eu deux expertises, menées par trois psychiatres : elles ont conclu l’une comme l’autre à l’abolition de son discernement. Ce sont ces experts qui ont décodé une agression parfaitement incompréhensible.