JO 2024 : « Des gens m’ont écrit avoir pleuré en voyant ce passage sur le ménage à trois », confie Yuming Hey
INTERVIEW•Le comédien Yuming Hey, protagoniste du triangle amoureux mis en avant lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux vendredi, revient, pour « 20 Minutes » sur le message que cette séquence a fait passer ainsi que sur les nombreuses réactions suscitéesPropos recueillis par Fabien Randanne
L'essentiel
- La cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, vendredi, a consacré une séquence au marivaudage à travers un petit film mettant en scène un triangle amoureux.
- « Pour moi, c’est la célébration de l’amour avant tout. Je n’ai pas envie de mettre des amours dans des cases », confie à 20 Minutes Yuming Hey, l’un des comédiens de cette séquence.
- Ce passage a suscité beaucoup de commentaires, tant positifs que négatifs. Que répondrait Yuming Hey aux détracteurs ? « J’ai juste envie de dire : si vous ne vous reconnaissez pas dans cette cérémonie alors vous avez ressenti pendant trois heures trente ce que j’ai toujours ressenti depuis que je suis né. »
«On a joué avec un code français au même titre que le béret ou le french cancan. Le "ménage à trois" représente le pays dans le monde entier, où l’expression se prononce en français… », souligne Yuming Hey. Le comédien de 31 ans était au cœur d’une des séquences fortes de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris, vendredi. Dans un petit film du tableau « Liberté », il formait un triangle amoureux avec Léa Luce Busato et Elan Ben Ali.
La séquence de marivaudage commençait à la Bibliothèque nationale de France où les protagonistes dialoguaient par titres de romans interposés (Bel Ami, Passion simple, Les liaisons dangereuses, Le diable au corps…). Elle se poursuivait dans un escalier où le trio échangeait des baisers, puis dans un appartement où la caméra fut priée de les laisser continuer en toute intimité. Cette évocation des amours plurielles et fluides n’est pas passée inaperçue, comme nous le confirme le comédien, joint par 20 Minutes au lendemain de cette cérémonie.
Comment vous êtes vous retrouvé dans ce projet ?
J’étais nommé aux Molières cette année et je me suis trouvé à la même table que Thomas Jolly [le metteur en scène de la cérémonie d’ouverture] au dîner qui a suivi. C’est là qu’il m’a proposé de faire un petit film pour les JO, à la Jules et Jim. J’ai accepté sans hésiter une seconde. Le tournage a été très facile, l’équipe était assez réduite. On a vite compris qu’il s’agissait d’interpréter quelque chose de très chorégraphié.
Qu’avez-vous ressenti en vous voyant dans le déroulé de la cérémonie d’ouverture ?
On m’avait expliqué le rendu final, donc j’avais une petite idée de ce que cela pourrait donner. J’étais super fier, super content de voir ça. Je crois que je ne réalise toujours pas qu’il y avait 2 milliards de téléspectateurs. Mon téléphone n’arrête pas de sonner, je commence à comprendre que ça a été vraiment beaucoup regardé…
Le message queer et inclusif que fait passer cette séquence est très fort…
Pour moi, c’est la célébration de l’amour avant tout. Je n’ai pas envie de mettre des amours dans des cases. Thomas Jolly a eu le courage extraordinaire de montrer durant toute une cérémonie des personnes qui, généralement, sont invisibilisées, des manières d’aimer, d’être aimé, d’être, tout simplement, qu’on n’a pas l’habitude de voir. Et de dire : ces personnes existent. C’est vraiment génial.
Les réactions sur les réseaux sociaux ont été nombreuses. Qu’en retenez-vous ?
Beaucoup de gens m’ont écrit avoir pleuré en voyant cette séquence. Il y a un côté politique très fort. Même si nous quand on l’a fait et, pour en avoir parlé avec Thomas Jolly, on avait en tête que l’on parlait d’amour et de partage plutôt que d’une façon d’aimer. Ce n’était pas une cérémonie contre des amours, contre des manières d’être ou contre un parti politique. On a montré plusieurs façons d’être ensemble. C’est cela que l’on célébrait.
Les messages hostiles, sur Internet, ont également été nombreux. Vous vous y étiez préparé ?
J’avoue que je ne m’attendais à rien. Je ne m’attendais même pas à autant de réactions. J’ai juste envie de dire : si vous ne vous reconnaissez pas dans cette cérémonie et que vous avez l’impression d’en avoir été exclus, alors vous avez ressenti pendant trois heures trente ce que j’ai toujours ressenti depuis que je suis né.
À lire aussi