Affaire Julien Bayou : Les regrets (tardifs) des Écologistes
fin d'enquête•« Nous regrettons que cette affaire, amplifiée par sa médiatisation, ait pu occasionner des souffrances et eu des conséquences négatives sur la vie de Julien Bayou », écrivent Les Écologistes dans un communiqué20 Minutes avec AFP
Mieux vaut tard que jamais, diront certains et certaines. Deux jours après l’annonce du classement sans suite de l’enquête visant Julien Bayou, le parti Les Écologistes a déploré les « souffrances » et les « conséquences négatives » que cette affaire a occasionnées chez l’ancien patron du mouvement. La veille, Julien Bayou avait déclaré « ne plus rien attendre » de son ex-parti.
« Nous regrettons que cette affaire, amplifiée par sa médiatisation, ait pu occasionner des souffrances et eu des conséquences négatives sur la vie de Julien Bayou », écrivent Les Écologistes dans un communiqué. « Nous regrettons l’impact qu'(elle) a eu sur notre mouvement, autant critiqué d’en faire trop que pas assez, et sur l’ensemble de ses militants et militantes », ajoute le parti, précisant qu’il va engager un débat interne sur « les enseignements à en tirer ».
« Je ne reconnais plus ce parti »
La procédure pour harcèlement moral et abus de faiblesse visant Julien Bayou, ouverte après une plainte de son ex-compagne, a été classée sans suite pour « absence d’infraction ». Les conclusions, rendues en octobre, d’une enquête interne diligentée par le parti allaient dans le même sens. Mais l’ancien député estime avoir « tout perdu ».
« Médiocrité », « lâcheté », « bassesse » : vendredi, il a lancé une violente charge contre son ancien parti lors d’une conférence de presse à Paris. « Je n’attends plus rien » des Ecologistes, a souligné Julien Bayou. « Je ne reconnais plus ce parti », a-t-il ajouté. « Aujourd’hui dans la direction, il suffit de souffler et les personnes basculent, par peur de je ne sais quoi », « frappés de frilosité et de médiocrité, de lâcheté, de bassesse », a-t-il asséné.
« Triplement innocenté »
En cause : la gestion par la direction de cette affaire qui avait débuté à la fin de l’été 2022 et poussé Julien Bayou à démissionner de ses fonctions de secrétaire national des Écologistes et de coprésident du groupe écolo à l’Assemblée nationale.
« Vous avez devant vous quelqu’un qui a été triplement innocenté », après deux enquêtes internes au sein du parti et l’enquête judiciaire, a déclaré l’ex-député écologiste lors d’une conférence de presse à Paris avec son avocate Me Marie Dosé. La première enquête, ouverte après une lettre de l’ex-compagne de Julien Bayou en juillet 2022, s’était arrêtée faute de témoignages. La deuxième avait été confiée à un cabinet d’avocats, avec un appel à témoignages de la direction adressé à 12.000 personnes. Elle n’a « pas permis de déterminer si des faits contraires aux règles de droit ou aux textes internes ont été commis », avait annoncé la direction en octobre 2024.
Toujours MeToo
Une « procédure dégueulasse, détestable, décidée en conscience par la direction des écologistes », a dénoncé Julien Bayou. « Dans n’importe quel parti, n’importe quelle démocratie, ça reviendrait à dire ''il est innocent'', peut-être même ''on s’excuse'' », remarque l’ex-député. « Ce n’est pas ce que choisit de faire la direction du parti ».
Mais l’ex-député a appelé à ne pas « balancer le mouvement MeToo avec l’eau du bain, bien au contraire ». « Ça n’est pas parce qu’une personne a menti que toutes les plaintes doivent être invalidées », a-t-il souligné, refusant que quiconque utilise « ce qui m’est arrivé pour nuire à la cause du féminisme ». Pour lui, la décision de justice ne signifie pas « que cette personne qui m’accuse ne souffre pas. Ça ne veut même pas dire qu’elle n’a pas été victime. Mais pas de moi ».
« Cette longue séquence devra nous guider dans l’amélioration de nos pratiques politiques », écrivent Les Écologistes qui rappellent leur « attachement au principe de la présomption d’innocence » et soulignent que la question de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles reste « au cœur de (leur) engagement politique ».