Borne s’explique au sujet du livre de Jul annulé par l’Education nationale

Education nationale : Une version de « La Belle et la Bête » commandée annulée, Élisabeth Borne s’explique

« censure »Selon la ministre, la version livrée n’est « pas adaptée » aux élèves de 10 ans, mais l’auteur déplore une « décision politique » de « censure »
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Une version « pas adaptée » aux élèves de 10 ans « sans accompagnement pédagogique ». Ce jeudi, Élisabeth Borne s’est exprimée au sujet de l’annulation par le ministère de l’Education nationale de sa commande de 800.000 exemplaires du livre « La Belle et la Bête » par l’auteur Jul.

« C’est une réécriture moderne (de l’œuvre). On a un père de famille qui arrive d’Algérie, qui doit commettre des fraudes, qui se fait contrôler par les policiers », a expliqué la ministre.

« Sans accompagnement pédagogique, je pense que ça n’est pas adapté »

Même si Julien Berjeaut - de son vrai nom - a « beaucoup de talent » pour manier l’ironie et le second degré, a précisé Élisabeth Borne sur Europe 1/CNews, l’ouvrage « n’est pas adapté ».

« Peut-être que dans un cadre avec des professeurs, on peut expliquer ce second degré. Mais c’est un livre qui a vocation à être lu en vacances, avec sa famille », poursuit-elle.

L’alcool, les réseaux sociaux, ou encore des réalités sociales complexes abordés

Jul, dessinateur de « Silex and the City », avait été choisi pour l’opération annuelle « Un livre pour les vacances », grâce à laquelle 800.000 élèves de CM2 obtiennent un classique de la littérature française revisité.

Mais sa version du conte traditionnel La Belle et la Bête n’a pas semblé adaptée au ministère, qui l’a expliqué à l’auteur dans une lettre datée de lundi, signée de la directrice générale de l’enseignement scolaire, Caroline Pascal.

« En effet, les deux illustrations de l’ouvrage abordent des thématiques qui conviendraient à des élèves plus âgés, en fin de collège ou en début de lycée, telles que l’alcool, les réseaux sociaux, ou encore des réalités sociales complexes », précise cette lettre.

Quand le père de la Belle boit « quelques coups de vin », Jul le représente ivre, bouteille à la main, en train de chanter « Les Lacs du Connerama ».

Des « prétextes fallacieux » selon l’auteur

L’auteur, lui, a déploré ce mercredi une « décision politique » de « censure », pour des « prétextes fallacieux » selon lui. « La seule explication semble à chercher dans le dégoût de voir représenté un monde de princes et de princesses qui ressemble un peu plus à celui des écoliers d’aujourd’hui », a-t-il affirmé.

« Le “grand remplacement” des princesses blondes par des jeunes filles méditerranéennes serait-il la limite à ne pas franchir pour l’administration versaillaise du ministère ? », s’est-il interrogé.

« L’argent n’a pas été dépensé, les livres n’ont pas été tirés. C’est certainement un ouvrage intéressant, mais pas pour ce cadre pédagogique », a conclu Élisabeth Borne, qui a précisé ne « finalement pas avoir préfacé » cet ouvrage.