Les réactions n’ont pas tardé à pleuvoir après l’annonce mercredi par Donald Trump d’une série de nouveaux droits de douane frappant les partenaires commerciaux des États-Unis. Présentée comme une « déclaration d’indépendance économique », cette mesure protectionniste s’accompagne d’un tarif minimum de 10 % sur tous les produits étrangers, et de 20 % pour l’Europe.

Alors que les critiques fusent, le ministre américain des Finances, Scott Bessent, a adressé un message clair aux pays concernés : « Détendez-vous, encaissez le coup, et attendez de voir comment la situation évolue. Car si vous ripostez, il y aura une escalade. » 20 Minutes vous propose un tour d’horizon des principales réactions à travers le monde.

L’Union européenne entre prudence et fermeté

L’Union Européenne, frappée d’un tarif moyen de 20 %, temporise tout en préparant une riposte. Le gouvernement français a indiqué qu’une réponse serait apportée « avant la fin du mois d’avril ».

À Dublin, le Premier ministre Micheál Martin a exprimé ses « profonds regrets » et appelé à une réaction « proportionnée » de l’Europe. L’Irlande est particulièrement exposée en raison de son excédent commercial avec les États-Unis et redoute des conséquences directes.

En Italie, la cheffe du gouvernement Giorgia Meloni juge la mesure « mauvaise », estimant qu’« une guerre commerciale affaiblirait inévitablement l’Occident au profit d’autres acteurs mondiaux ».

En Allemagne, la fédération de l’industrie chimique VCI a exhorté Bruxelles à « garder la tête froide », insistant sur le besoin absolu d’éviter une escalade. La fédération de l’industrie automobile a déploré des mesures qui, selon elle, « ne feront que des perdants ».

La Suisse visée à 31 % tandis que Londres privilégie le dialogue

Donald Trump a réservé un traitement sévère à la Suisse, avec des droits de douane de 31 %, soit 11 points de plus que pour l’Union Européenne. La présidente suisse Karin Keller-Sutter a indiqué que Berne allait « définir rapidement la suite », tout en affirmant que « le respect du droit international et le libre-échange sont fondamentaux ». La Suisse est particulièrement exposée : ses exportations vers les États-Unis ont atteint près de 55 milliards d’euros en 2024.

Le Royaume-Uni, qui n’écope « que » d’un tarif de 10 %, mise sur le dialogue. « Les États-Unis étant notre allié le plus proche, notre approche consiste à rester calme », a déclaré le ministre britannique du Commerce, Jonathan Reynolds. Londres souhaite conclure un accord pour « atténuer l’impact » des mesures américaines.

Coup dur pour l’e-commerce en Chine

En Australie, le ton est beaucoup plus ferme. « Ces droits de douane sont totalement injustifiés », a réagi le Premier ministre Anthony Albanese. Il estime que la décision « aura des conséquences sur la perception que les Australiens ont de cette relation » bilatérale.

Parallèlement, Trump a signé un décret annulant l’exemption de droits de douane sur les petits colis en provenance de Chine (d’une valeur inférieure à 800 dollars). Cette mesure vise directement les plateformes comme Shein ou Temu, accusées de contourner les règles fiscales américaines.

Premiers effets sur les marchés mondiaux

L’annonce de Donald Trump n’a pas tardé à produire ses premiers remous. Jeudi à l’ouverture, la Bourse de Tokyo a plongé de 1,9 % et celle de Séoul de près de 3 %, alors que l’Asie digérait les nouvelles sanctions commerciales américaines. Sur le marché des changes, le yen s’est envolé de plus de 1 %, atteignant 147,69 yens pour un dollar, profitant de son statut de valeur refuge alors que la devise américaine se repliait. Côté matières premières, l’or a battu un nouveau record mercredi en dépassant les 3.150 dollars l’once, porté par l’incertitude économique mondiale.

« Une riposte européenne serait un nouveau coup dur pour l’économie américaine, mais l’Europe aussi souffrirait. Mais Trump semble ne comprendre que le langage de la force », résume Matteo Villa, analyste à l’Institut des études politiques internationales de Rome interrogé par AP.