Narcobanditisme : Soupçonnée de corruption avec un trafiquant de drogue, une greffière de Marseille incarcérée
case prison•La justice lui reproche d’avoir aidé un trafiquant avec lequel elle vivait, ce qu’elle conteste en partie20 Minutes avec AFP
Dans le trafic de drogue qui touche la deuxième ville de France, la justice va devoir enquêter sur elle-même. Soupçonnée d’avoir transmis des informations judiciaires à un trafiquant avec qui elle entretenait une liaison, une greffière du tribunal judiciaire de Marseille a été incarcérée.
Cette fonctionnaire d’une trentaine d’années a été « mise en examen pour complicité de trafic de stupéfiants, association de malfaiteurs, non-justification de ressources, violation du secret professionnel et consultation illicite de fichiers judiciaires », a confirmé le procureur d’Aix-en-Provence, Jean-Luc Blachon, après des informations émanant d’une source judiciaire. Elle a ensuite été placée en détention provisoire vendredi.
Un train de vie qui interroge
Cette greffière, dont le métier consiste à assister les magistrats dans leurs dossiers, authentifier les actes juridictionnels ou jouer un rôle d’intermédiaire dans les procédures, avec les avocats notamment, menait un train de vie qui ne correspondait pas à ses revenus.
Il lui est notamment reproché, ce qu’elle conteste en partie, d’avoir consulté des fichiers et transmis des informations à un trafiquant avec lequel elle vivait jusqu’à ce qu’il soit incarcéré après une condamnation, selon une source policière.
C’est en menant des investigations autour d’un réseau de trafic de cocaïne et de cannabis à Marseille que les enquêteurs de l’Office antistupéfiants (Ofast) ont découvert qu’elle vivait avec la tête de ce réseau qui n’appartient pas à la DZ Mafia mais entretient des liens avec ce groupe criminel et notamment avec les dealers de la cité des Oliviers A, très important point de deal des quartiers Nord. « Elle était au courant de choses troublantes, elle consultait des renseignements sur des personnes liées à son compagnon et sur leurs ennemis », a ajouté la source policière. Quinze autres personnes ont été mises en examen dans le cadre de cette information judiciaire, dont 13 ont été aussi incarcérées.
Une preuve du « risque de corruption »
« La corruption ne se limite pas à la simple remise d’une enveloppe » et « ça reste exceptionnel dans les tribunaux, mais lorsqu’il y a des moutons noirs, il faut savoir les identifier et s’en séparer », commentait samedi une source proche de l’enquête. Selon elle, cette affaire est en tout cas une nouvelle preuve « de la puissance financière des trafiquants, qui augmente le risque de corruption ».
En charge de cette enquête, l’Ofast de Marseille, service réputé d’enquête, a lui été éclaboussé cette semaine avec la mise en examen et l’incarcération de deux de ses membres pour trafic de stupéfiants en bande organisée, blanchiment ou faux en écriture publique.
Nos articles sur MarseilleAprès le bain de sang de 2023, avec près de 50 morts, le nombre de narchomicides a baissé de moitié l’an dernier à Marseille. Sur 2025, l’AFP recense un seul mort à ce stade. Mais si les homicides sont moins nombreux, le trafic est loin d’avoir disparu.
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